August, Callan Wink

De ce livre s’élève l’odeur du foin et de la poussière, du soleil trop chaud qui commence à se coucher plus tôt, de l’herbe roussie, du thé glacé du mois dont il tire son titre – August ou août, en anglais. Le héros qui donne son nom à ce roman d’apprentissage est un garçon d’une douzaine d’années quand s’ouvre le récit, alors bercé par les chants des grillons et le ballet que dansent les lucioles à la nuit tombée. C’est son long cheminement, des balbutiements de l’adolescence aux balbutiements de la vie d’homme, que relate Callan Wink, des plaines du Midwest aux reliefs du Montana.

En s’attardant sur l’atmosphère d’une ferme, des terrains de football américain puis des champs, encore et toujours, l’auteur crée de vrais tableaux sensoriels, des paysages d’encre où aucun détail ne manque, de la lumière aux hurlements des coyotes, de l’odeur poussiéreuse de l’air au grain du bois sous la main, sans oublier le goût de houblon sur la langue. Il offre ainsi une incursion dans ces étendues du Big Sky Country, parfois poétique, souvent réaliste, mais aussi un voyage intérieur dans l’âme tourmentée d’un jeune homme qui tâche de trouver sa place dans le monde. D’une expérience à une autre, August découvre son corps et celui des filles, la saveur de la bière, le vrai travail de la terre, la solitude. Taciturne, le garçon est à l’image du roman, rugueux et fidèle, tendre sous des abords terreux. Sans tomber dans la caricature ou la surenchère, August est semblable à une peinture des exploitants agricoles américains à l’aube du XXIème siècle, de la jeunesse courtisée par l’armée au lendemain du 11-Septembre, écartelée entre désir de liberté, de grands espaces, et injonction à étudier. Callan Wink, en filigrane de ce roman d’apprentissage très immersif, réfléchit aussi à l’ascendance et à l’héritage, à la famille et à la distension des liens alors que l’âge adulte apparaît à l’horizon.

Ce roman est en lice pour le Grand Prix de littérature américaine 2022.

Merci aux éditions Albin Michel pour cette lecture.

Callan Wink – August
[August – traduit par Michel Lederer]
Albin Michel (Terres d’Amérique)
2 mars 2022
400 pages
22,90 euros

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18 réflexions sur “August, Callan Wink

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    1. C’est une belle surprise, d’autant que tout se passe en arrière-plan. Le roman paraît très contemplatif mais Callan Wink sait saisir les affres de l’adolescence, s’attarder sur les détails révélateurs et caractéristiques d’une population ou d’une difficile étape de la vie.

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