The Split, Abi Morgan

Quand s’ouvre la saison 1 de The Split, Hannah (Nicola Walker) quitte le cabinet maternel pour rejoindre celui où travaille un ami à elle. Les engrenages se mettent alors lentement en marche, un rouage en entraînant l’autre. Spécialisée dans les affaires familiales, l’avocate doit ainsi naviguer entre son affection pour sa mère et sa sœur, devenues rivales, et sa propre carrière, tout en tâchant de mettre de côté ses sentiments à l’égard d’un amour de jeunesse.

Les deux premières saisons de cette série anglaise, en six épisodes chacune, parviennent avec justesse et intelligence à mettre en scène vie familiale et vie professionnelle, les divorces qu’Hannah doit gérer pour ses clients servant de pendant aux remous qui agitent son propre foyer et celui de ses deux sœurs. Lorsque débute la série, Nina (Annabel Scholey) est seule, sans attaches, préférant le bras de son aînée ou de sa cadette à celui d’un petit-ami. Quant à Rose (Fiona Button), elle est sur le point de se marier à un homme avec qui elle semble partager bien peu. Enfin, leur père, après vingt ans d’absence, réapparaît soudain dans leur vie, bouleversant l’existence de chacune, et surtout de leur mère. Les femmes ont donc la part belle dans The Split, servant de lentille grossissante à Abi Morgan, la réalisatrice, à travers laquelle elle examine la famille d’aujourd’hui, tandis que les mois passent, que les rancœurs enflent et que les fautes et les drames se multiplient. Elle n’oublie pas les hommes pour autant, gravitant autour des héroïnes, indispensables à la structure même de l’histoire puisque c’est bien les dissensions entre les sexes, entre autres, qui est au cœur de la « séparation » du titre. Ainsi, elle cite comme référence This Is Us ou encore The Good Wife, mêlant là encore chronique familiale douce-amère et portraits de femmes fortes, des femmes d’aujourd’hui aux prises avec leurs sentiments mais aussi avec leur ambition.

Avec The Split, la créatrice de la brillante série The Hour se penche sur les maux de notre société contemporaine, sur les relations humaines, leur complexité et sur le système marital – des tromperies aux grossesses non désirées en passant par les fausses-couches et les violences conjugales, entre affaires en cours et vie privée. Sans user d’un jargon législatif trop abscons et en réorientant encore davantage l’intrigue sur l’intimité familiale dès la deuxième saison, cette série parvient à adopter un rythme entre-deux, évitant les longueurs sans oublier de ménager quelques pauses tendres aux couleurs chaudes, bienvenues après ces moments passés dans le cabinet de glace donnant sur Londres.

De : Abi Morgan
Avec : Nicola Walker, Annabel Scholey, Fiona Button
Année : 2018
Nombre d’épisodes : 6 (trois saisons)
Durée moyenne : 45 minutes
A voir sur Arte

Ils/elles en parlent aussi : Worldcinecat

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