2 créatrices, 8 réalisatrices, 24 actrices et 24 autrices pour les 24 heures d’une vie de femme(s) – persécutées, H24. Chacune a son histoire, sa langue, sa couleur de peau. Toutes sont victimes de violences parce qu’elles sont « elles ». Leur monologue, leur timbre de voix emplissent nos oreilles, leur regard tantôt féroce, tantôt blessé, apeuré, déterminé, croise le nôtre et touche, percute – même si certains courts-métrages bouleversent plus que d’autres. Chacun sa sensibilité, sa réaction face à ces portraits saisissants de justesse. Une joue sur le sol sale d’un aéroport, un corps en contre-jour, des ronds de lumière clignotant dans la nuit en fond, des cris, de douleur ou de révolte, des larmes, beaucoup, mais aussi de la dignité malgré l’outrage répété, les outrages qui jalonnent une journée.
Viol, discrimination, harcèlement, humiliation, ou autant de sévices auxquelles elles s’exposent – auxquels nous nous exposons. Pour alerter, faire porter haut et fort leurs (nos) voix, 24 autrices prennent la plume, en allemand, danois, français, espagnol, italien, russe, anglais sur l’invitation de Nathalie Masduraud et Valérie Urréa, les deux cinéastes à l’origine du projet. Agnès Desarthe, Monica Sabolo, Chloé Delaume, Lydie Salvayre, Lola Lafon, Myriam Leroy, Kerry Hudson et tant d’autres se mobilisent. Elles passent le relais à des réalisatrices invitées, de Clémence Poésy à Sandrine Bonnaire en passant par Arianne Labed, qui jouent avec les superpositions, les reflets, leurs actrices au centre de ces films, les hommes comme un pas en dehors, ombres menaçantes, silhouettes floues ou traits déformés qui ne présagent rien de bon. Quant aux visages de ces abusées, ils sont allongés ou ronds, âgés ou juvéniles, sombre ou pâles, encadrés de cheveux blonds ou bruns – Céleste Brunnquell, Diane Kruger, Noémie Merland, Grace Seri, Valérie Bruni-Tedeschi, Déborah Lukumuena entre autres se succèdent à l’écran, chacune apportant sa féminité assumée, fragile ou manquée, prêtant son visage aux événements réels qui ont inspiré autrices puis réalisatrices.
Grâce à H24, ces faits divers deviennent des vignettes artistiques à portée universelle, étonnamment harmonieuses malgré la diversité de tons et d’esthétiques. Pour n’en retenir que cinq : les larmes d’Annabelle Lengronne dans Terminal F, l’immobilité émue d’Anaïs Demoustier incarnant Sarah Abitbol dans Je serai reine, le gloss peignant lentement les lèvres de Tallulah Burns dans le court éponyme, la robe écarlate de Camille Cottin qui raconte sa nuit rouge et le refrain entêtant, entre russe et français, martelé par Romane Bohringer, devenue fantôme pendant quatre minutes.
De : Valerie Urrea, Nathalie Masduraud
Année : 2021
Nombre d’épisodes : 25
Durée moyenne : 3 minutes
A voir sur Arte
J’ai vu l’épisode diffusé hier soir après 28′. C’est très bien fait.
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Oui je suis d’accord avec toi. Dans l’ensemble c’est vraiment une série à voir. Quel épisode était diffusé hier ?
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Le harceleur en voiture que la jeune femme finit par prendre en photo.
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Ah oui, en effet. Merci !
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j’ai envie de les regarder et en même temps, je redoute le pouvoir des images. J’ai bien compris que les violences étaient suggérées car il y a eu beaucoup d’émissions où on a parlé de cette série mais..
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Je ne peux pas te répondre… je pense que tout dépend des épisodes et de la sensibilité de chacun mais certains courts métrages bouleversent inévitablement. Si tu commences par ceux qui débutent les 24h (à 7h je crois), comme tu es invitée à le faire sur Arte.tv, les choses montent crescendo, lentement, donc tu as le temps de voir venir.
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je vais tester sur ARTE.TV car la curiosité est là quand même. Les images remuent plus que les témoignages écrits pour moi 🙂
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Je suis dans le même cas que toi… Tu me diras 🙂
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A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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Je viens de lire ces récits et j’ai envie de découvrir les images… c’est édifiant !
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Oui, c’est le mot… certains courts métrages m’ont plus touchée que d’autres mais cette démarche est vraiment forte et plus que notable.
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