Auður Ava Ólafsdóttir nous le rappelle, en islandais, sage-femme se dit « Ljósmóðir » ou « mère de la lumière ». Dans la famille de la narratrice, cette vocation se transmet de génération en génération. Dýja a hérité du nom de sa grand-tante, surnommée Fífa, de son appartement et de son métier. Toutes deux ont travaillé à la maternité, ont assisté au moment le plus éprouvant d’une vie – la naissance. Fífa est morte plusieurs années auparavant mais sa mémoire demeure, reposant comme un voile sur les pensées de Dýja qui se plonge dans ses écrits morcelés, éclats de mots sur la vie, la mort, l’humanité et le monde animal, mais aussi et surtout porteurs de la vérité sur la lumière.
La clarté crépusculaire islandaise colore ces pages d’une teinte étrange et presque irréelle, assombrie par la tempête d’une force inégalée qui menace de s’abattre sur l’île le jour de Noël. Le futur est là, les éléments se déchaînent mais les petits d’hommes continuent à voir le jour. Auður Ava Ólafsdóttir mêle des bribes des écrits de Fífa, philosophiques, savants, parfois lumineux dans leur apparente obscurité. Malgré la tendresse qui émane des pages de ce roman, déjà si présente dans Miss Islande, le sortilège ne se tisse pas. Des personnalités se frôlent sans vraiment se percuter, restent à distance, gravitent autour d’autres mais de loin. Le lecteur reste étranger à l’héroïne, comme elle lui reste étranger. Tout juste peut-il effleurer la fragilité de la vie, la force des liens qui unissaient la grand-tante et sa petite-nièce, la magnificence déroutante du ciel nordique, bientôt d’un noir d’encre. Les chapitres très courts et décousus de La vérité sur la lumière participent de cette impression d’évanescence, de délicatesse, de phrases bientôt dissipées une fois la couverture refermée. Il ne demeurera qu’un vague sourire, qu’un vague sentiment d’inachevé.
Merci aux éditions Zulma qui en contribuant à enrichir aVoir aLire ont également contribué à enrichir Pamolico.
Auður Ava Ólafsdóttir – La vérité sur la lumière
[Traduit par Eric Boury]
Zulma
7 octobre 2021 (rentrée littéraire 2021)
224 pages
19,50 euros
Ils/elles en parlent aussi : Roseleen. Lettres d’Irlande et d’ailleurs. Un plaid, un thé, des livres. Les Carpenters racontent. Drums n books. Le blog de Krol. Patricia Sanaoui Olivier
Ping : Rosa candida, Auður Ava Ólafsdóttir – Pamolico – critiques romans, cinéma, séries
Je lis toujours cette auteure habituellement. Programme chargé en cette rentrée, je vais peut-être passer mon tour cette fois-ci
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Je ne te le conseille pas, mais je sais que les avis sont assez divisés. Certains ont adoré, d’autres ont été très déçus (comme moi). Effectivement, programme chargé mais c’est aussi ça qui est bien 🙂
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Je viens juste de le terminer et je te rejoins entièrement ! Décousu, froid… je suis très déçue ! Mais je sais que néanmoins, je lirai sans faute son prochain ^^
Rosa Candida m’a déçue, personnellement. Une moitié coup de coeur et l’autre moitié pas terrible. C’est Ör que j’ai vraiment adoré ! Et la couleur de la rhubarbe, très bien aussi. Tu les as lus ?
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Oh je suis contente de ne pas être la seule (même si je suis déçue pour toi) !
Non pas lus, j’ai acheté Rosa candida à Veules-les-roses où Zulma avait installé une librairie éphémère l’été dernier, et Miss Islande m’avait charmée. Du coup je note Őr, si l’occasion se présente 😉 merci !
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N’ayant pas été emballée par Rosa Candida, ce sera sans moi, je n’adhère pas à son univers.
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C’est pour Miss Islande, qui fut un coup de cœur, que j’ai voulu lire La vérité sur la lumière. Je ne sais pas si tu l’as lu ?
Ton avis et celui d’Ève ne me rassure pas quant à Rosa Candida qui est dans ma PAL…
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Non je n’ai pas lu Miss Islande mais je ne suis pas sûre d’avoir envie de me lancer. 😉
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C’est plein de tendresse et d’humour, mais je comprends que tu aies un a priori 😉
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La prochaine fois peut-être.
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Peut-être 🙂
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On adore cette fille.
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Eh bien pas là !
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Une auteure que j’ai découvert avec Miss Islande et Rosa Candida, deux romans que j’avais beaucoup aimés par leur singularité, la poésie flottant dans l’écriture, un dépaysement total lors de la lecture et ce que j’aime dans une lecture….. Partir, l’ailleurs, voyager mais avec style 🙂
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Rosa Candida m’attend et Miss Islande m’avait beaucoup plu également. La tendresse pleine d’humour et de poésie qui m’avait tant charmée sous tend à peine ici, derrière les écrits savants de la grand-tante de la narratrice…
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A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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Quel dommage, ce livre m’avait pourtant fait très envie en librairie – la beauté de la couverture n’y est pas pour rien, je dois l’avouer, mais les sujets me paraissaient très intéressants… Merci pour cette chronique !
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Je t’en prie. Dis toi que d’autres ont beaucoup aimé donc peut-être que tu serais plus sensible que moi à ce côté décousu, un peu mystérieux et tendant malgré tout vers une certaine exhaustivité… étrange livre !
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il y a pas mal de temps que je n’ai pas lu un roman de l’auteure, petite déception avec « Rosa Candida » dont j’attendais trop au vu des critiques…
idem avec « L’embellie » alors malgré les 2 qui sont encore dans ma PAL, je ne suis pas trop tentée…
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Rosa Candida m’attend mais j’avoue que je suis un peu refroidie par cette lecture… j’ai vu quelques critiques conquises au sujet de La vérité sur la lumière mais je l’ai trouvé à la fois trop creux et trop encyclopédique malgré certains beaux passages.
Je te comprends donc et je ne te le conseille pas.
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elle est dans le registre romantique mais je trouve que cela vire très vite à « fleur bleue » c’est dommage car elle a un univers bien à elle et elle gagnerait à creuser davantage 🙂
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Ah ici ce n’est pas du tout le cas… c’est plus que le livre ressemble à un assemblage d’éclats disparates.
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Dommage pour cette lecture. Ta chronique est très réussie Cécile 😊
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Merci ! Oui dommage, j’en attendais beaucoup…
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