Les dents de lait ou un conte dystopique
Cette dystopie emprunte aussi aux contes d’autres temps, traversés d’éclats de rousseur, de miracles éphémères et de rires cristallins – ceux des changelins, ces créatures émissaires des fées. De Meisis, la petite fille aux cheveux de cuivre qui émerge de la forêt un jour et que Skalde recueille, elle ne saura rien. De même qu’elle ne sait rien d’Edith, sa propre mère. Toutes deux viennent d’ailleurs, sont arrivées d’on ne sait où dans cette région tantôt recouverte d’un lourd brouillard, tantôt brûlée par un soleil impitoyable. Les villageois n’aiment pas ceux dont ils ignorent l’origine et la raison de la fuite ; ils n’aiment pas les étrangers. Deux femmes d’un autre monde sous un même toit, voilà qui menace de jeter l’opprobre sur la maison de Skalde et de sa mère au comportement étrange, aux bijoux de nacre, aux parures de soie et aux dents de lait jamais tombées.
Helene Bukowski et la différence
Dans son premier roman, Helene Bukowski crée une métaphore de notre monde en pleine mutation, donne un autre visage à la crainte qui habite les cœurs, à la peur de l’autre qui est toujours ancrée chez les hommes et ce depuis des générations. Ses phrases sont courtes, sa plume, brute. Pourtant, quelques brisures de poésie étoilent ici et là les pages, fragments d’écriture que Skalde disperse dans la cabane où elles vivent cachées, menacées déjà. Les dents de lait parvient ainsi à questionner notre rapport à la différence tout en nuançant son propos : l’auteure le met à distance, faisant éclore un univers à la fois connu et étrange, uncanny ou « familièrement étrange ». De nombreux éléments restent inexpliqués, et le lecteur navigue à vue dans ce récit aux accents rétrofuturistes, qui fait presque écho à Dans la forêt de Jean Hegland mais s’en éloigne finalement pour mieux bâtir sa propre réalité, sa propre trame, voyage pour l’ailleurs qui pourrait bien devenir l’ici.
Merci aux éditions Gallmeister pour cette lecture.
Helene Bukowski – Les dents de lait
[Milchzähne – traduit par Sarah Raquillet et Elisa Crabeil]
Gallmeister
19 août 2021 (rentrée littéraire 2021)
272 pages
22,40 euros
Ils/elles en parlent aussi : Mes aventures livresques. L’antre claire. Le touneur de pages. Lectures de rêves. Aude bouquine. Anna de Sandre. Au pays des Cave Trolls. Aire(s) libre(s). EmOtionS. Love in books. Read look hear. Julie à mi mots. La culture dans tous ses états
Je l’ai acheté à sa sortie en broché. Je finis le Michael Christie et je l’attaque 😉 Passe un beau weekend Cécile 😊
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Ah top ! Je pense aussi que Furies te plairait beaucoup 😉 bonne lecture et bon week-end Fred 😊
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peut-être mais pas tout de suite car on est tellement confrontés en ce moment aux effets du dérèglements climatiques que j’ai envie d’autre chose
c’est pour la même raison que je n’ai toujours pas lu « Dans la forêt » 🙂
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Ce n’est pas le seul sujet de ces deux romans, loin de là. Je dirais même que si le dérèglement climatique sert de toile de fond, à aucun moment les auteures ne sont moralisatrices, elles imaginent simplement 🙂 mais je te comprends.
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Belle plume 🙂 hésites pas à venir faire un tour sur mon site Intel-blog.fr et à t’abonner si ça te plaît 😀
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Merci ! J’aime beaucoup tes travaux. Je te retourne le conseil en tout cas et t’invite à t’abonner ici aussi 😉
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Un premier roman de très grande qualité j’ai adoré
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Je n’ai pas adoré mais beaucoup aimé 🙂 les premiers romans ont souvent un quelque chose qui les rend uniques !
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A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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