Beatriz Williams et son jeu temporel
Le roman de Beatriz Williams débute bien avant le mariage en été du titre, cérémonie unissant Hugh Fisher et la mère de Miranda. En effet, l’auteure remonte en 1930, soit vingt ans avant ce mariage mais aussi trente ans avant que Miranda ne revienne sur l’île, portant alors sur les épaules le poids de sa célébrité et celui d’un événement qui s’est passé dans sa jeunesse. Se mêlent ainsi trois périodes. Williams relate juin et juillet 1930 qui virent naître les premiers émois de Bianca Meiduro, orpheline portugaise recueillie par son oncle et sa tante ; elle évoque aussi 1969 et sa belle saison – également centraux dans Un été à Nantucket, autre récit estival – et le retour de Miranda, la fille prodigue, indésirable sur ces terres, mais elle s’attarde surtout sur la jeunesse de cette dernière. Le cœur du récit, enchâssé par les deux autres temporalités, l’été qui marqua définitivement la fin de l’adolescence de Miranda, la narratrice, auprès de sa mère et de sa nouvelle belle-sœur, se situe en 1951. Huis-clos spatial, Un mariage en été n’adopte pas pour autant une chronologie linéaire, ce qui permet à l’auteure de laisser planer un certain mystère au-dessus de l’océan qui entoure Winthrop Island – île fictive inspirée de Fisher’s Island – son phare, ses demeures majestueuses et les voiliers des riches estivants qui côtoient les bateaux des pêcheurs.
Un mariage en été, roman estival
Elle signe un roman familial qui flirte parfois avec le thriller, les secrets empesant les vagues qui viennent lécher le rivage. Tous sont entrelacés, à tel point que les coïncidences finissent presque par devenir trop nombreuses. Beatriz Williams a également la fâcheuse habitude de s’adresser au lecteur, sa narratrice revenant sur des événements passés et les commentant avec son regard d’aujourd’hui en le prenant à témoin. Cela alourdit le récit, l’encombre d’une certaine artificialité, et ce malgré l’habileté avec laquelle l’auteure enchevêtre les destins. Elle mène sa barque avec aplomb, parvient à créer une ambiance, à donner vie à des personnages – même s’ils sont finalement peu profonds – mais n’évite pas quelques écueils, ce qui empêche Un mariage en été d’être beaucoup plus qu’un simple divertissement estival, de moins bonne envergure ceci dit que les titres conseillés dans la liste des romans à lire cet été.
Merci à NetGalley et à Belfond pour cette lecture.
Beatriz Williams – Un mariage en été
[Summer wives – traduit par Julia Taylor]
Belfond
1 juillet 2021
432 pages
21 euros
Ils/elles en parlent aussi : Les instants volés à la vie. Ladybooks. Mon jardin littéraire. Les chroniques de Coco. Liseuse hyperfertile. Les livres d’Ève. Les miscellanées de Cookie
une de mes prochaines lectures j’avais envie de rester dans l’ambiance de « Un été à Nantucket »
ta chronique me confirme dans mon choix ! j’espère qu’il va me plaire 🙂
je redeviens exigeante dans mes lectures j’espère que c’est bon signe!!!
je suis plongée dans « L’homme qui peignait les âmes » et c’est tellement beau que je fais durer la lecture j’adore Metin Arditi 🙂
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Je comprends, j’ai enchaîné moi aussi ! J’ai moins aimé celui-ci mais peut-être que ce sera l’inverse pour toi 🙂
Je ne l’ai pas lu mais je l’ai repéré, Rachel et les siens m’avait beaucoup plu alors…
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J’adore les photos que tu réalises pour mettre en valeur les livres que tu nous présente Cécile 😊
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Merci beaucoup Fred 😊
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A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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