Les papillons, Barcella

Barcella, conteur incertain

Barcella est parolier et cela se sent dans la musique de ses phrases. Tantôt poétique, vaudevillesque, presque vulgaire, puis tendre, Les papillons est un roman étrange tendant vers le conte, aux intentions proches de celles du premier livre d’Olivier Bourdeault, En attendant Bojangles.

Un roman entre poésie papillonnante et facticité

Alexandrin Lamoureux a un coup de foudre pour Marie Mariposa devant le café des Lilas. Seulement, Marie a le cœur fragile et son père est le « gardien du sommeil de ses nuits », ne permettant à personne d’effleurer la peau de sa fille chérie, la seule femme de son existence encore en vie. Les sentiments dépeints sont simples, bruts, transformant presque le livre en conte allégorique – amour et haine, tristesse et colère, amitié et bienveillance – et le récit n’est pas franchement original. Après des premiers chapitres laborieux et imprégnés de stéréotypes, une éclaircie apparaît lentement, portée par la rencontre entre Marie et Alexandrin, mais surtout par les sonorités. Ce qui démarque en effet le primo-romancier reste sa volonté de parsemer ses paragraphes d’alexandrins, mètre auquel le nom de son héros rend hommage, ce qui permet quelques belles envolées. Cependant, la beauté frêle de certaines phrases est souvent brisée par un terme qui vient contrarier toute harmonie, empêcher tout équilibre. Oscillant entre désuétude assumée, histoire d’amour sans fard, poésie papillonnante et personnages béotiens, Les papillons aurait gagné à voir ses dialogues allégés, épurés de cette ponctuation excessive, de ces onomatopées aux sonorités factices et de ce patois rude et grivois. L’auteur a un don certain pour les mots, mais peut-être que les textes plus courts lui réussissent davantage.

Barcella – Les papillons
Le Cherche-Midi
8 avril 2021
224 pages

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