Les douces, Judith Da Costa Rosa

Hannibal avait seize ans le jour où il s’est évaporé, évanoui dans le petit village d’Illès, laissant derrière lui ses douces, trois veuves adolescentes, trois jolies demoiselles amoureuses, creusant dans leur poitrine un trou béant. Zineb, Dolorès et Bianca le connaissaient depuis leurs huit ans et l’atelier de poterie où ils suivaient des cours. Son absence les a marquées à jamais, imprimant une empreinte douloureuse sur leur peau, et la découverte de son corps crée une nouvelle brèche en elles.

Judith Da Costa Rosa va d’un personnage à l’autre, de Zineb à Dolorès, de Dolorès à Bianca, de Bianca à Paco, de Paco à Joan, de Joan à Lisa. Elle mélange les perspectives, passé et présent, souvenirs et faits. Ainsi, les traits des douces se brouillent jusqu’à ne plus former qu’un seul visage, qu’un seul passé, qu’une seule silhouette de femme encore jeune, encore fille violentée par les années, par l’enfance envolée trop tôt. Les trois protagonistes ont pourtant des caractères différents, mais les changements réguliers de focalisation les confondent, ne permettent pas de leur conférer des contours nets.

Histoire d’une amitié brûlante, d’un coup de soleil éternel, Les douces se lit avec plaisir malgré son manque d’originalité. En effet, ce roman d’amis, d’adolescence, reste commun, et ne laissera pas un souvenir impérissable, mais c’est une lecture printanière simple et agréable. En filigrane, derrière les amours enfantines et les coups de cœur des corps qui grandissent, derrière la jeunesse qui file trop vite, la primo-romancière aborde également des sujets actuels. Là où Adélaïde de Clermont-Tonnerre, dans Les jours heureux, se penchait sur #MeToo et sur la place démesurée occupée par les réseaux sociaux dans nos vies, Judith Da Costa Rosa évoque la superficialité impliquée par notre société, par le monde des influenceurs, et surtout la pédophilie – après tout, celle autour duquel ce roman gravite, plus qu’Hannibal, c’est bien Dolorès, prénom qui pourrait ici aussi se transformer en Dolly, Lola, Lolita

Merci aux éditions Grasset et à NetGalley pour cette lecture.

Judith Da Costa Rosa – Les douces
Grasset
12 mai 2021
400 pages
20,90 euros

Ils/elles en parlent aussi : L’art et l’être. Balades en livres. Lili au fil des pages. De quoi lire. Le temps de la lecture. Mes p’tits lus. Les livres d’Ève

2 réflexions sur “Les douces, Judith Da Costa Rosa

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