Halston, Ryan Murphy

Après s’être plongé dans le monde du cinéma post Seconde Guerre Mondiale avec Hollywood, Ryan Murphy revient à ses premières amours : la mode et le milieu queer des années 1970 et 1980 aux États-Unis. Il s’intéresse cette fois-ci à la vie du couturier Halston qui vendit son nom et son âme à la société de consommation et ce, malgré son farouche mépris pour le commun, l’ordinaire et le bas de gamme. Interprété par un Ewan McGregor aux cheveux soigneusement brillantinés et aux gestes pleins d’une emphase et d’une fluidité empruntée, celui dont le nom n’est pas si connu de ce côté-ci de l’Atlantique, monte ici sur le devant de la scène. La voix faussement grave et l’accent faussement aristocrate, les lunettes noires et le col roulé sombre – tout cela concourt à bâtir le personnage que se crée l’homme qui débuta comme modiste après avoir été le petit modiste de sa mère, comme l’illustrent quelques discrets mais non moins lacrymaux flashbacks. Cette enfance malheureuse l’a marqué, et il semble être resté ce petit-garçon, incompris et en perpétuelle recherche d’affection et de reconnaissance, Peter Pan désormais emporté et cinglant.

L’homme est ami avec Liza Minnelli et Martha Graham, compte Jackie Kennedy parmi ses clientes, tente de surpasser Ralph Lauren puis Calvin Klein. Il parvient à établir un empire, mais seulement grâce à d’autres qui lui apportent soutien financier et moral. Coléreux, hautain, il n’apparaît pas sous un jour très sympathique, même si ses failles transparaissent parfois derrière ses éclats. Halston est aussi l’occasion pour Murphy d’évoquer en filigrane le monde de la fête et le microcosme gay avant les années SIDA qui, pourtant, viennent signer la déchéance du créateur de mode – tremblement de terre américain qui ébranlera bientôt l’Europe comme Russell T. Davies en témoignait dans sa poignante It’s a Sin.

Cette minisérie permet donc de découvrir un grand nom du prêt-à-porter haut-de-gamme et de s’immerger dans le passé. D’aucuns regretteront cependant que les décors et les costumes ne soient pas davantage vecteurs d’une atmosphère et d’une époque, mais de simples accessoires, là pour souligner l’ascension et le déclin de cet homme présenté comme un dictateur mégalomane manquant de tendresse. Sans grande recherche narrative, les cinq épisodes décollent grâce à la performance de McGregor – nominé aux Golden Globes 2022 – et l’esthétique finalement assez soignée, incursion dans les ateliers de cet homme mystère qui en restera un, la série présentant en effet sa vie de manière assez schématique.

De : Sharr White, Ryan Murphy
Avec : Ewan McGregor, Bill Pullman, Rebecca Dayan
Année : 2021
Nombre d’épisodes : 5 (minisérie)
Durée moyenne : 45 minutes
A voir sur Netflix

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16 réflexions sur “Halston, Ryan Murphy

    1. Disons que la progression très schématique de la série la dessert, mais j’ai découvert un couturier et la performance de McGregor vaut le détour 😉
      Je connais de titre mais je ne l’ai jamais vu. Je vais rester à l’affut alors et espérer qu’il passe à la TV ou qu’une plateforme l’ajoute à son catalogue 🙂 merci du conseil !

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  1. Maximelefoudulivre

    Bonjour Ceciloule,

    La série est un peu courte je trouve. J’avais apprécié Hollywood et je trouvais l’idée de présenter l’histoire de cette marque (Halston) intéressante.
    J’ai découvert cette marque et ce milieu grâce à cette série.
    Pour moi, le sujet aurait pu être un peu plus poussé (évolution de carrière et la fin qui va très vite).
    Je retiens quand même beaucoup de positif car c’est une vraie découverte et la morale de l’histoire est importante : doit on vendre son nom pour pérenniser son entreprise?

    A bientôt 😉

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    1. Bonjour Max,
      En effet, la construction reste assez schématique à cause du nombre d’épisodes (ascension puis déclin) et c’est dommage.
      Pour moi ce n’est pas l’histoire d’une marque, mais avant tout celle d’un homme ! Oui, la question posée par la série est pertinente et invite à la réflexion…
      À très vite !

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