Une étincelle de vie, Jodi Picoult

Une étincelle de vie, une lueur de mort

Louie, gynécologue, le découvre en lisant un article scientifique : lorsqu’un ovule est fécondé, une étincelle apparaît – semblable à la lumière au bout du tunnel aperçue par les personnes qui agonisent. Cette étincelle de vie, cette bribe d’existence qui naît dans les entrailles féminines est un présent pour certaines, un cadeau empoisonné pour d’autres. Parce que le débat autour de l’avortement est plus féroce aux États-Unis qu’ailleurs dans le monde occidental, parce que c’est un droit qui est mis à mal dans plusieurs pays, Jodi Picoult raconte le destin de plusieurs femmes et adolescentes qui se croisent dans le centre gynécologique de Jackson, Mississippi, la dernière clinique pratiquant des IVG dans cet état. C’est une journée comme une autre, les heures s’écoulent tranquillement jusqu’à ce qu’un homme armé pénètre dans l’établissement et empêche quiconque de sortir ou d’entrer après avoir tiré sur plusieurs personnes.

Jodi Picoult, conteuse hors-pair

Pour relater ce traumatisme, l’auteure part de la fin, de la terreur et de la lassitude, et remonte lentement à rebours, jusqu’aux prémices du jour, au lever du soleil et au moment où le destin de chacun de ses protagonistes a basculé. Elle mêle les perspectives, passe des pensées d’Izzy à celles de Joy, de l’esprit de Janine à celui de Wren, des atermoiements de George à ceux de Beth, des angoisses de Bex à celles de Louie, les existences de ces hommes et de ces femmes étant suspendues aux talents oratoires de Hugh. Ce dernier est le négociateur chargé de ramener George à la raison et de lui faire relâcher les otages, dont Wren… Le policier tente de se lier au tireur et de lui rappeler son humanité, ce qui est l’occasion de se plonger dans leurs souvenirs : les deux hommes ont élevé seul leur fille et ce point commun pourrait ainsi constituer la chance de Hugh – ou bien sa perte. Les deux relations filiales que dépeint Jodi Picoult sont pleines de tendresse et vibrantes de justesse.

En alternant ainsi les focalisations, elle embrasse les différents points de vue au sujet de l’avortement, mentionne les anti- qui se perçoivent comme des pro-vie, et les pro-avortement qui préfèrent affirmer qu’ils sont pro-choix. D’une écriture fluide et avec beaucoup de finesse, elle questionne les certitudes et rappelle grâce à ses héroïnes si différentes et touchantes l’importance de laisser à chacune l’opportunité de décider. La construction de ce roman choral et la multiplicité des voix déroutent lors des premières pages mais rapidement tout l’intérêt de cette temporalité apparaît : ménageant le suspense, elle permet également de s’attacher à l’essentiel qui, ici, ne repose pas tant dans l’action que dans l’intériorité des personnages, leur vécu et leurs souvenirs.

Merci aux éditions Actes Sud qui en contribuant à enrichir aVoir aLire ont également contribué à enrichir Pamolico.

Jodi Picoult – Une étincelle de vie
[A Spark of Life – traduit par Marie Chabin]
Actes Sud (collection Babel)
Mai 2019 (sortie poche en mai 2021)
480 pages
9,70 euros

Ils/elles en parlent aussi : En lisant, en voyageant. Une souris et des livres

15 réflexions sur “Une étincelle de vie, Jodi Picoult

    1. C’était une découverte de sa plume après qu’une amie m’a tannée pour que je me plonge dans ses romans 🙂 ce ne sera sans doute pas le dernier que je lirai en tout cas ! Je vais donc éviter ses Deux chemins (il me semble que le titre du plus récent ressemble à ça).

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