Roman de pur nature writing, Le feu sur la montagne offre un écrin de lumière à ces hommes et ces femmes chassés de leurs terres par le gouvernement américain, par ses aspirations scientifiques et sécuritaires.
John Vogelin, à soixante-dix ans, n’a jamais vécu ailleurs que dans le ranch que son père a construit, baigné par l’ombre rougeoyante des Thieves’ Mountains. Sur son territoire aride paissent pourtant ses chevaux et ses vaches : le sol et sa fraîche brûlure leur permettent de vivre à lui et à ses bêtes. Quand elles broutent les quelques brins frêles et roussis, il se nourrit de l’amour qui coule sous terre, celui-là même qui irrigue ses veines depuis sa naissance. Au-delà des limites de sa propriété, s’étirent des étendues sans fin de désert craquelé à peine ombragé par les yuccas géants et les buissons de genévriers, cuisant sous les rayons ardents du soleil du Nouveau Mexique. Ce décor si peu accueillant est pourtant synonyme de paradis pour John et pour Billy, le jeune narrateur qui séjourne chez son grand-père tous les étés. Leurs journées sont rythmées par les tâches de la ferme et par des chevauchées lentes, fatigantes mais exaltantes pour ce cow-boy en herbe. Seulement, nous sommes en 1960, en pleine Guerre Froide, et les États-Unis réquisitionnent la zone pour des essais balistiques : le vieil homme et son petit acolyte ne se rendront pas sans se battre….
Edward Abbey raconte une vraie histoire d’amour, passion d’un homme pour le lieu où il a vécu toute sa vie, la beauté sèche de ces paysages auréolés d’une lumière hors du commun. Aube et crépuscule embrasent le ciel, les montagnes et le lit à sec de la rivière, contemplés depuis le porche du ranch avant une énième nuit à la belle étoile, sous le firmament velouté percé de centaines de constellations. Lyrisme et efficacité se mêlent donc dans ce roman adamantin, brut et pur.
Edward Abbey – Le feu sur la montagne
[Fire on the Mountain – traduit par Jacques Mailhos]
Gallmeister (totem)
28 mai 2020
206 pages
9 euros
Ils/elles en parlent aussi : Derrière ma porte, un monde…. Mes amis les livres. Les lectures de Folfaerie. Madimado’s blog. Le tourneur de pages. Mes échappées livresques. Mon coussin de lecture. Livres de Folavril
Un roman magnifique! Très envie de lire les autres livres de l’auteur désormais!
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Tout pareil ! Son gang de la clef à molette fait beaucoup parler… 😉
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Je le note.
Merci Cécile 🙏
Bon week-end ☀️
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Je t’en prie, bon week-end ensoleillé à toi aussi !
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A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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J’ai découvert cet auteur avec En descendant la rivière, et j’ai hâte de découvrir ses autres romans… Encore plus après ta chronique 😊
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C’est gentil 🙂 j’irai relire ta critique alors parce que je serais ravie de retrouver sa plume.
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je le note, le thème m’intéresse+++ et il faut absolument que je découvre cet auteur
grâce à toi ma PAL déborde de plus en plus ha! ah! ah 🙂
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C’est un très beau livre 🙂
Haha je suis flattée que mes conseils te soient utiles en tout cas ! Et désolée pour ta PAL, nous sommes dans le même cas…
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Bonjour Ceciloule,
J’ai lu ce livre et je suis d’accord avec vous.
L’histoire est belle et touchante dans un contexte de « course à l’armement ».
Cette terre, convoitée par toujours plus puissant.
On parle effectivement d’un grand-père et son petit fils qui se battent pour garder leur terre, mais on peut remonter le temps en disant que cette terre appartenait aux indiens avant eux.
On peut remonter comme ça sur très longtemps.
Pour conclure, c’est un très beau récit, bien écrit et poignant.
PS : Sympa la photo
A bientot 🙂
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Joli commentaire, et effectivement, les Indiens ont souffert d’expropriation, de violence à répétition et ont eu bien moins voix au chapitre que John Vogelin… ce que tait l’auteur (et n’est nullement étonnant étant donné la date originale de parution). Je viens d’ailleurs de finir un recueil poignant de poèmes sur La Piste des Larmes…
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