The Good Lord Bird, Mark Richard et Ethan Hawke

Croyez-le ou non, la série The Good Lord Bird, écrite par Mark Richard et Ethan Hawke et adaptée du roman éponyme de James McBride, s’inspire d’un personnage historique réel, John Brown ­– mais il est déconseillé d’aller lire sa biographie si vous voulez vous ménager quelques surprises au visionnage.

Abolitionniste, extrémiste, cet homme a sévi dans l’Amérique d’avant la Guerre de Sécession, pendant les années 1850 et le « Bleeding Kansas ». Sillonnant cet état et d’autres territoires du Sud, dits slave states, il libérait les esclaves en provoquant esclandres après esclandres, fusillades et meurtres. Accompagné de sa troupe de fidèles, le prêcheur illuminé interprété ici par un Ethan Hawke ébouriffant et fort ressemblant (d’ailleurs nominé aux Golden Globes 2021), instillait ses idées d’émancipation dans l’esprit des Noirs. La série, s’inscrivant dans les pas du roman tout juste paru en totem (poche) chez Gallmeister, adopte un ton mordant et une ironie noire et rafraîchissante à la Trevanian – ce drame historique aussi récit d’apprentissage emprunte d’ailleurs quelques-uns des traits spécifiques aux westerns, ceux-là même tournés en dérision dans Incident à Twenty-Mile, qui dépeindront pourtant une époque ultérieure. Elle suit les traces de l’authentique fanatique Brown, tout aussi fou qu’humaniste, mais surtout celles d’Henry, alias Onion (Échalote dans la version française), jeune esclave imaginaire que l’énergumène a ici libéré et pris sous son aile à la suite d’une fusillade dont il est à l’origine et qui a tué son père. Pris pour une fille, l’adolescent s’habille en tant que telle et colle au train des chevaux de Brown et des siens, de ses fils et de ses suivants. Au cours de leur épopée abolitionniste qui culmine dans le septième et dernier épisode à Harpers Ferry, bataille qui est un des éléments déclencheurs de la Guerre Civile, les deux comparses et les autres croisent d’éminentes figures de l’époque, de Frederick Douglass – intellectuel noir ici caricaturé et moqué –, à Harriet Tubman, grand nom de l’underground railroad, ce réseau sous-terrain créé pour aider les esclaves à s’échapper. The Good Lord Bird donc, du nom de l’oiseau totem et protecteur de la troupe dont Onion garde une plume comme porte bonheur, mais aussi comme périphrase pour désigner John Brown, oiseau du Seigneur qui diffuse un message d’amour et de fraternité à travers autant de tueries…

Ainsi cette réalisation disponible sur Canal + est portée par un cynisme vivifiant qui n’hésite pas à donner dans le sanglant de temps à autre et même dans l’émotion, mais elle trouve aussi tout son sens dans la mise en avant d’un personnage historique très controversé et trop peu connu. Rappelons que l’éminent Henry David Thoreau et même Victor Hugo depuis Guernesey plaideront pour qu’il soit gracié.  

A voir sur Canal +.

Ils/elles en parlent aussi : Avis 2 femmes. Le blog des cinécurieux

18 réflexions sur “The Good Lord Bird, Mark Richard et Ethan Hawke

  1. Maximelefoudulivre

    Bonjour Ceciloule,
    Je trouve la série plutôt réussie. Retracer un tel fait historique dramatique, élément déclencheur d’un combat tellement important, en y apportant de l’humour n’est pas simple.
    Je trouve l’acteur de John Brown excellent !
    Merci pour la critique

    Aimé par 1 personne

  2. j’ai envie de la regarder tout en ayant peur de la violence. J’ai choisi le différé pour regarder un épisode à la fois…
    En fait j’ai voulu regarder la série australienne sur ARTE « Mystery Road » saison 2 et côté violence j’ai été servie (il me reste les 2 derniers à voir!) cela ne peut donc pas être pire 🙂

    Aimé par 1 personne

  3. Si mes souvenirs sont bons, John Brown était aussi le principal sujet d’un vieux western de Michael Currie, « la piste de Santa Fe » avec Flynn et Reagan. C’est la que j’ai découvert ce personnage, traité avec sans doute moins d’empathie.
    Je vais m’intéresser à cette série bavarde. Et pourquoi pas au roman😉
    Merci du conseil

    Aimé par 1 personne

    1. Ah, je vais me renseigner, merci ! Ça fait quatre ans que je fais des études de langue anglaise, de civilisation britannique et américaine et je n’avais jamais entendu parler du personnage… ou alors je n’ai pas retenu !
      Avec plaisir, et hâte d’avoir ton ressenti 🙂

      J’aime

      1. Ça me rassure…!
        Ah, les prêches m’ont agacée aussi mais je pense que c’est voulu, et pour la voix off, je trouve qu’elle apporte un peu de candeur au reste, peut être même est elle là dans un but ironique… mais je comprends qu’elle t’ait gêné !

        J’aime

  4. J’ai découvert cette série dès qu’elle est sorti et m’a laissé un goût mitigé. J’aime la folie qui se dégage et Hawk trouve ici l’un de ses meilleures rôles, mais il y a un vrai soucis au niveau du rythme et certaine sous-intrigues sont peu intéressante. Je parle même pas de cette insupportable voix-off qui surligne la moindre action. Chaque fois que je commençais à m’immerger dans la série, y avait la voix d’Onion pour me rappeler que nous étions devant une fiction. Dommage.

    Aimé par 2 personnes

      1. Oui mais elle avait pas besoin d’être aussi présente. Pour moi la voix off est un motif de narration très spécifique, utiliser avec parcimonie. Le seul contre-exemple que je connaisse c’est dans Sin City ou elle remplace toutes les scènes dialoguée afin d’exprimer l’attitude des personnages, mais c’est le film entier qui veut ça. Dans le cas de cette série, on n’est pas du tout dans la même configuration, et du coup ça rend l’exercice absurde. A la fin du premier épisode j’étais entrain de dire « ta gueule » à ma télé, c’est dire.

        Aimé par 2 personnes

Laisser un commentaire