Avec Casa Triton, Kjell Westö confirme son talent de conteur. En mêlant le « monde d’après » à la musique, il signe un roman à la fois visuel et sonore qui prend en compte la lente déchéance de la Terre mais qui est avant tout un hommage à la musique – classique et populaire. Brander est un célèbre chef d’orchestre finlandais qui vient tout juste de décider de s’installer à Ravais, petit village perdu entre mer et bois, bien loin de l’agitation d’Helsinki et des métropoles où il est amené à voyager pour ses concerts. Lindell, le voisin avec qui il sympathisera rapidement malgré leurs différences, est quant à lui membre d’un groupe de musique qui reprend des chansons entraînantes, connues et à la popularité mondiale.
De « Fisherman’s Blues » à Mahler en passant par Adèle et Sibelius, Kjell Westö entraîne son lecteur dans des partitions à l’éclectisme berçant et cadencé, signant un récit chantant et harmonieux où la culture et l’art abolissent les frontières et font tomber les barrières habituelles du « high brow » et du « low brow » – une seule culture, un seul amour pour la musique, qu’il s’agisse des partitions de grands maîtres des mélodies classiques ou des paroles et du rythme endiablé des tubes de ces dernières décennies. Par petites touches, sont aussi délicatement évoqués les défis de notre ère – la lente décrépitude de la nature, la montée des extrémismes, la menace terroriste, #MeToo. Sans jamais tomber dans la caricature ou le catalogage, l’auteur démontre une nouvelle fois après Nos souvenirs sont des fragments de rêves et Un mirage finlandais, la finesse de son écriture et son habileté à dire la lumière, la Finlande et ses habitants. De subtiles références à son dernier roman apparaissent d’ailleurs, surprenant un lecteur assidu. La psychologie de ses personnages est élaborée, travaillée et leurs souvenirs entrent souvent dans la danse, se mêlent à la narration et font de Casa Triton un livre qui nous porte, passé et présent fusionnant pour faire des héros ceux qu’ils sont. Tout sonne juste : à la manière d’une sonate, les deux instruments principaux se répondent, les deux focalisateurs se font écho, l’un après l’autre, les atermoiements du premier trouvant leur pendant chez son voisin…
Un grand merci aux éditions Autrement qui, en contribuant à enrichir le site d’aVoir aLire, ont contribué à enrichir Pamolico.
Kjell Westö – Casa Triton (traduit du suédois par Anna Gibson)
Autrement
13 janvier 2021
480 pages
22,90 euros
Oui, ça a l’air très sympa.
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Ça l’est 🙂
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Je découvre cet auteur et ce roman. Merci Cécile ! 😊
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Une plume à ne pas manquer 😉 merci a toi !
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Ce roman me faisait assez envie, il me fait maintenant totalement envie 🙂
Belle chronique, merci !
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Super !
Merci à toi 😉
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je ne connais pas l’auteur mais c’est tentant 🙂
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Ah la plume de Kjell Westö a vraiment quelque chose 🙂 j’ai préféré Des souvenirs sont des fragments de rêves, mais Casa Triton est un très bon roman également !
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A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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