Le grand jeu des illusions, la valse des ombres et des tours de magie, les plumes et les paillettes avec la mer en toile de fond, voilà ce que promet ce roman de Graham Swift. À Brighton, en 1959, Evie et Ronnie donnent du leur pour le spectacle de Jack Robbins, tissent du rêve et des ensorcellements sous les yeux émerveillés du public de vacanciers. La narration est éclatée et s’attache à dépeindre l’enfance de Ronnie pendant la guerre et le Blitz autant que les atermoiements d’Evie devenue une vieille dame élégante et bien seule – passé et présent, magie sous le soleil pâle anglais et brume des souvenirs colonisant l’air glacial du jardin où Evie pleure son amour déchu. Assistante de Robbie, le secret, l’énigmatique quand il n’était pas simplement Le Magnifique, ce fut sans grande surprise qu’elle succomba à son physique très espagnol, à ses grands yeux sombres enchanteurs – mais le charmeur Jack n’est jamais loin, une Flora au bras et le regard posé sur le doigt d’Evie orné d’une bague de fiançailles. Le trio amoureux suit un chemin classique, destin raconté par la plume légère et fantasque de l’auteur britannique, empreint d’échos sonores et d’images mystérieuses auréolant les illusions dépeintes – soulignons donc le travail de la traductrice, France Camus-Pichon.
Malgré tout, il manque une certaine profondeur à ce roman. Les personnages ont du charisme, un caractère bien établi, mais le choix d’une chronologie fragmentée et d’une focalisation binaire, sans que le lecteur n’ait accès aux pensées de Jack, laisse planer une importante part d’ombre sur le récit. À la manière d’une illusion, Le grand jeu ne dévoile ainsi que certains pans de l’histoire, joue avec ses héros, eux-mêmes bien incertains quant à l’issue de cet été 1959…
Un grand merci aux éditions Gallimard qui, en contribuant à enrichir aVoir-aLire, ont également contribué à enrichir Pamolico.
Graham Swift – Le grand jeu
Gallimard – Du monde entier
7 janvier 2021
192 pages
18 euros
11 réponses sur « Le grand jeu, Graham Swift »
De lui j’ai lu le « Le dimanche des mères » qui m’avais laissé partagé sur son récit. Il a un style remarquable par contre. Merci Cécile, belle semaine en lecture à toi 😊
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J’ai lu quelques avis mitigés sur ce titre, en effet ! Mais c’est vrai que son style a vraiment quelque chose.
Merci Fred, une belle semaine littéraire à toi aussi 😊
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il serait temps que je découvre enfin les romans de cet auteur « Le dimanche des mères est dans ma PAL depuis des lustres et je crois que j’en ai un autre …
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Ah, en effet, ça s’accumule 😉
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Je tourne autour depuis quelques jours, le thème de la magie m’attire toujours… Ton avis émaillé de quelques réserves me rappelle celui que j’avais eu sur « Le Dimanche des mères », apprécié mais pas totalement subjugué.
J’essaierai quand même, je pense. On verra bien !
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C’était mon premier de cet auteur, même si le connaissais de nom. En fait, mes réserves sont aussi liées à ce qui est impressionnant dans ce roman, à savoir parvenir à plus ou moins calquer la construction d’un tour de magie : Swift leurre le spectateur en attirant son attention sur certains points et n’en révèle jamais d’autres… par contre, ne t’attends pas à beaucoup de descriptions d’illusions, cela reste assez périphérique tout en étant ce qui lie les personnages entre eux.
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Merci pour cette précision – qui me donne un peu plus envie, paradoxalement : j’aime l’idée d’un roman construit à la manière d’un tour de magie ! Ca me fait penser au film « Le Prestige » de Christopher Nolan, conçu de la même manière, ou à un très polar de Jeffrey Deaver, « L’Homme qui disparaît ».
Bon, ça devrait être ma prochaine lecture, tiens 🙂
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Je n’ai vu aucun des deux mais je vais me renseigner.
J’espère que tu ne seras pas déçu ! Bonne lecture 🙂
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« L’Homme qui disparaît » de Jeffrey Deaver est un roman, je n’ai pas été clair dans ma formulation (en plus d’oublier un mot dans la phrase…)
Je viens de lire les premières pages du Swift, assez déconcertant par sa manière d’avancer en mélangeant les temporalités et les souvenirs, mais assez vite magnétique. A suivre !
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Merci de ces précisions 🙂
En effet, à suivre !
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A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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