Olivier Bourdeaut a décidé de transformer la folie dure en folie douce, de teinter de poésie et d’absurde les délires éthérés. Avec ses phrases qui riment, ses mots qui se font écho, ses expressions désuètes, familières ou esthètes, l’auteur fait décoller ses personnages et son lecteur, leur offre un écrin de tendre déraison, un château en Espagne, un oiseau exotique au nom ostentatoire et des aventures proches de chimères.
Le jeune narrateur est le fils d’un couple extraordinaire, rêveur et pleins de délicieux excès. Mais sa mère qui vouvoie tout un chacun, change de prénom à chaque lever de soleil et flâne avec indolence entre cocktails et invités de ses fêtes dignes de Gatsby, a un esprit qui ne peut résister à la réalité. Elle déambule dans ses nuages, dans son monde qui pétille de bulles de champagne, suivi partout par Georges, son mari amoureux. Quand les soucis de la vie les rattrapent, les pensées d’Hortense bientôt Renée ou Liberty virent à l’orage et les deux adultes, qui sont parfois moins adultes que leur enfant, essaient de maintenir à flot le navire pour que leur fils grandisse heureux dans un mirage du bonheur d’avant, des soirées éternelles, des danses célestes et de la mélodie langoureuse et mélancolique de Mister Bojangles de Nina Simone. La folie se pare donc d’une lumière chaude et ambrée, de paillettes, de fils de rêves et s’éloigne d’un réalisme parfois cru – celui du Bal des folles de Victoria Mas ou de La salle de bal d’Anna Hope.
Pour ses cinq ans, En attendant Bojangles reparaît illustré par Christian Cailleaux dont les vignettes dessinées faussement naïves et les aquarelles pleine page, poétiques et aériennes, subliment le texte d’Olivier Bourdeaut, fait d’échos et de résonances. L’illustrateur nous avait déjà séduit dans Gramercy Park, bande-dessinée où son trait léger accompagnait la douce poésie mystérieuse de Timothée de Fombelle. Moins chargées que dans ce précédent ouvrage, ses esquisses atteignent ici des sommets de délicatesse azur et côtoient le croissant de lune où l’héroïne est assise, jambes ballantes et regard songeur.
Merci aux éditions Finitude qui en contribuant à enrichir aVoir-aLire, ont également contribué à enrichir Pamolico.
18 réponses sur « En attendant Bojangles, Olivier Bourdeaut ; Christian Cailleaux »
A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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5 ans, déjà ! Je n’avais pas spécialement aimé…
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Un vrai petit OVNI, je recommande aussi chaudement le livre audio, qui sublime l’importance de la musique dans ce beau roman, à lire et à relire (ou à écouter et à réécouter !) sans modération…
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Effectivement, la version audio doit avoir un charme certain et permettre de mieux apprécier le côté chantant du texte !
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Après avoir lu ton article, j’ai envie de plonger dans cet univers illustré. J’ai beaucoup aimé le roman… Merci pour cette belle proposition!
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Merci à toi !
Les aquarelles et les dessins de Christian Cailleaux lui confèrent encore davantage de poésie, de douceur ambivalente.
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Très bel article sur un livre bouleversant ! Très envie de découvrir la version illustrée !
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Merci !
Je ne peux que t’y encourager 😉
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Un merveilleux roman, vraiment, je serais curieuse de feuilleter l’édition illustrée. Ca donne un petit coup de jeune à la bibliophilie.
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Oui c’est un joli texte, très poétique et les illustrations le subliment 🙂
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Le roman m’avait enchantée, et belle idée de cadeau (dit celle qui ne sait toujours pas ce qu’elle va offrir à sa belle-mère, et qui n’a surtout pas envie de traîner des heures dans les magasins… en librairie, c’est une autre histoire…) !
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Alors là, effectivement, tu as ton idée ! Le livre coûte 28 euros mais l’objet les vaut vraiment 🙂
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Que j’ai aimé ce roman et découvert la chanson de Nina Simone ❤️😍
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Nous sommes deux ❤ la tendresse du texte est vraiment soulignée par le trait de l’illustrateur et rend le livre encore plus beau.
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Pourquoi pas??? J’ai beaucoup aimé le roman 🙂
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Je l’avais lu à sa sortie (j’avais seize ans), donc je l’ai redécouvert illustré par les aquarelles de C. Cailleaux qui sont sublimes 🙂
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Il est dans ma wishlist celui-ci… Faut que je trouve le temps de le glisser quelque part.
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Le texte est chantant et doux et les illustrations en font vraiment un très bel objet, plein de tendresse et de poésie.
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