Une évidence trompeuse fait partie de ces romans hyper-visuels dont les pages sont jalonnées de dialogues caustiques et teintés d’humour noir, sans verbes introducteurs. À la manière d’une série policière pleine d’esprit, ce polar entraîne le lecteur dans les conflits des gangs de motards, à Hulett, dans le Wyoming, lors d’une célèbre course de motos. Un accident a eu lieu et la victime, un jeune membre d’une communauté biker, est dans le coma à l’hôpital après s’être retrouvé dans le fossé – malchance ou violence volontaire ? Le narrateur (qui n’est autre que le shérif fétiche de Craig Johnson, Walt Longmire), son acolyte Cheyenne, Henry, et leur chien comptent bien le découvrir. Lors de leur enquête, ils croiseront un blindé, des tatoués agressifs, une femme fatale, des pistolets chargés, des agents infiltrés et d’influents riches.
Écrit à la mitraillette, ce livre se dévore. Les répliques s’enchaînent, entravées par aucun verbe de parole, ce qui donne un rythme étrange à Une évidence trompeuse. À la fois ardent et lent, le nouveau roman de Craig Johnson tend parfois presque vers le scénario ce qui lui confère son relief et son originalité. Les personnages sont hauts en couleur – femmes fortes, séductrices dangereuses, fous aux idées déviantes se croisent dans une danse macabre où les engins à deux (et à quatre) roues jouent les cavaliers, protagonistes à part entière de ce roman. Courses-poursuites endiablées et échanges d’anthologie, scènes ironiques à souhait et suspense léger font oublier les quelques confusions liées à ces dialogues prégnants et si peu cadrés. Les passages narratifs donnent accès aux émotions de Walt, le héros, mais l’atmosphère tient bien plus à ces conversations en roue-libre qui voient l’enquête avancer, se délier peu à peu, un mot après l’autre.
Merci aux éditions Gallmeister qui, en contribuant à enrichir aVoir aLire, ont également contribué à enrichir ce blog.
Ils en parlent aussi : Les voyages intérieurs, Actu du noir
Craig Johnson – Une évidence trompeuse
traduit par Sophie Aslanides
Gallmeister
Octobre 2020
416 pages
24 euros
Bonjour Céciloule,
Que dire de cette critique très intéressante?
Pour ma part, j’ai dévoré ce livre et j’ai adoré l’esprit policier et motard.
Beaucoup de dialogues certes, mais qui m’ont permis de m’attacher aux personnages.
J’ai également apprécié la petite touche d’humour dans les dialogues.
Merci de m’avoir conseillé ce livre 🙂
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L’humour, l’atmosphère et le rythme sont les vrais avantages de ce roman en effet 🙂
Avec plaisir !
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Presque un côté cinématographique, c’est ce que je ressens à travers tes mots et ça me plaît beaucoup !
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Alors n’hésite pas 😉
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Voilà un titre qui me fait envie ! Ma femme m’a vanté longuement les mérites des romans de Johnson. Ce nouveau Longmire (comme naguère on aurait « nouveau Maigret) ma l’air d’être une perle noire.
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Jolie expression 🙂 je n’irai pas jusque là mais c’est un bon roman plein d’ironie et bien enlevé, ta femme a bon goût !
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A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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