Si Scandale mettait l’accent sur les traumatismes des femmes, The Loudest Voice insiste davantage sur l’autoritarisme de Roger Ailes vis-à-vis de ses équipes, de son épouse et même de ses patrons, mais aussi et surtout sur l’histoire de la chaîne qu’il a créée. Chacun des sept épisodes correspond à une année marquante pour Fox News ou pour la politique américaine – ce qui, finalement, revient au même. En effet, l’idée lors de la conception de sa ligne éditoriale était de se démarquer des chaînes démocrates : elle représenterait l’opinion de l’Amérique profonde, celle de la vraie Amérique. Elle serait républicaine jusqu’au bout des ongles et pas impartiale, jamais, quitte à inventer, à broder, à extrapoler. Elle soutiendrait les candidats du parti rouge, même les moins aptes à gouverner et surtout les grandes-gueules. Elle collerait aux opinions de son guide et maître et amènerait Trump au pouvoir en 2016, vingt ans après sa création.
Certains épisodes sont filmés comme des quasi huis-clos au sein des locaux de la chaîne, des salles de réunion hantées par le diable ventripotent qui régnait en dieu incontestable mais maléfique sur tout ce petit monde – cela permet d’ailleurs de comprendre les rouages d’une telle entreprise. D’autres sont davantage des incursions dans sa vie privée, chez lui, à Garrison, ou dans les locaux du journal local qu’il rachètera pour le transformer en un papier digne d’être distribué dans cette ville campagnarde et conservatrice.
D’aucuns reprocheront à cette minisérie, adaptée du livre de Gabriel Sherman, d’être trop unilatérale, et ils auront sans doute raison. Si quelques scènes permettent de ne pas oublier que cet homme était un prédateur sexuel, ce n’est pas ainsi qu’il se définit par essence à en croire The Loudest Voice. Il est bien plus caractérisé par son génie, par sa maîtrise parfaite des leviers de communication, par son goût du provoquant, par son audace et sa voix, puissante, qui donnera le « la » à sa chaîne, devenue sous sa présidence « la voix la plus forte » des médias télévisés américains. Gretchen Carlson et Megyn Kelly sont des ombres qui planent bien plus que de frêles silhouettes menacées par le spectre de cet homme impitoyable – d’ailleurs, la seconde journaliste n’apparaît même pas à l’écran. Russell Crowe est méconnaissable. Grimé à l’excès, gonflé à l’hélium, vieilli, il n’y a que ses yeux qui laissent transparaître toute la violence qui habite le magnat des médias à qui il prête son corps et ses traits. Il a d’ailleurs été récompensé en 2020 par le Golden Globe du Meilleur acteur dans une mini-série.
Ils en parlent aussi : Dans les épisodes précédents, Culture aux trousses, Les carnets de la télévision
J’ai vu celle-ci et j’ai été épatée par la prestation de Russel Crowe et très intéressée par le personnage de Ailes que je ne connaissais pas vraiment. Je n’ai pas encore fait la critique sur mon blog.
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J’avais bien aimé aussi, même si j’ai regretté que la minisérie ne mette pas davantage Ailes en porte à faux, contrairement au film Scandale, sorti il y a deux ans (je crois). Par contre Russell Crowe est incroyable et méconnaissable, en effet !
Je te lirai quand tu l’auras publiée alors.
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Russel Crowe est génial dans cette série, un rôle de composition très convaincant…
ceci dit c’est vrai, c’est unilatéral mais tellement dans l’actualité:-)
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Oui, il impressionne vraiment !
En effet 🙂
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‘Trop unilatérale et Russell Crowe est méconnaissable’
On est d’accord, bonne série cela dit.
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Exactement 🙂
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