Le monde du vivant ou l’histoire d’une famille qui bat pour un projet, celui du père, Jérôme, et de sa femme, Marion. Racheter une ferme, l’agrandir, la retaper, transformer l’exploitation pour la rendre biologique. Du lait, des vaches, des poulets. Tout ça au détriment des envies de leur fille de quatorze ans, Solène. Quant à Gabin, le petit-frère, tant qu’il a ses Playmobils à portée de main et les siens près de lui, il s’en moque. Le roman s’ouvre de la même manière qu’Au nom de la terre – un couple uni, confiant, un peu dépassé mais plein d’ambition et d’espoir en l’avenir. Solène doit aider son père, encore plus quand le premier rouage se bloque : sa mère se blesse. C’est de cet incident que tout découlera ensuite lentement, inéluctablement. Les focalisations s’alternent, la fille et le père – la rebelle blasée qui aspire à embrasser les lèvres brûlantes de son amoureux et non à traire les vaches ou à vendre le fromage au marché et le quarantenaire passionné mais épuisé par son travail qui ne lui laisse pas une minute à lui. Irritable, craignant ce que le futur lui réserve, Jérôme se renferme, sa colère grandit parallèlement à celle de sa fille, de moins en moins capable de faire avec les contraintes de la ferme, les odeurs, les corvées, la déco, la honte d’être ce qu’elle est devenue – une fille de paysan. Et puis arrive Théo, un wwoofeur exalté, souriant, motivé, toujours plein d’entrain. Ce roman c’est le quotidien de ces cinq fermiers en herbe, la fin du collège pour Solène, les préoccupations amères liées à l’exploitation. Et les débats sur le monde de demain, sur l’écologie, sur le capitalisme et l’agriculture, sur le monde du vivant.
Florent Marchet, compositeur et créateur de lectures musicales, signe son premier roman, un livre hommage à sa terre natale, le Berry, un livre empli de convictions : en cela il se démarque du film qui met en scène Guillaume Canet pris à la gorge, complètement dépassé par ses dettes et ses heures de labeur. Ici, il est avant tout question d’un engagement, d’une volonté de faire mieux, de faire partie du changement pour le bien-être de la terre, le bien-être des enfants de demain. Si Théo est très extrême dans ses convictions et met Jérôme face à ses contradictions, le pousse finalement dans ses retranchements, le couple tente de bien faire, représentatif d’une nouvelle génération d’agriculteurs qui pense pouvoir agir, qui pense que, pour eux, ce sera différent. Le style est simple, sans ornement inutile, sans poésie : terre-à-terre, tout comme l’histoire qu’il raconte. Pas de misérabilisme, pas davantage d’un socialisme démesuré, simplement une réalité et un message fort.
Les éditions Stock en parlent ici.
Ils en parlent aussi : Libellule livresque, Ma voix au chapitre, Temps de lecture, Les pages de Sam, Les livres d’Ève, Et si on bouquinait un peu
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Je note.. Merci Cécile, bonne soirée.
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Merci à toi, bonne semaine !
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pourquoi pas? Mais ma liste de la rentrée s’allonge de manière affolante 🙂
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J’avoue que nous sommes 2… peut être aurons nous fini de tout lire pour la rentrée de janvier 🙂
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Je connaissais Florent Marche à travers ses chansons qui parfois évoquent des moment de sa jeunesse (elle est partie notre jeunesse, il s’en est fallu de peu…), mais j’ignorais qu’il s’était lancé dans l’écriture d’un roman. Plutôt un bon cru visiblement, une chronique de la France rurale désillusionnée, à l’image du poignant film avec Canet. Je suis preneur.
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Oui, son premier roman a du rythme, et l’alternance de focalisation lui permet d’avoir plus de profondeur. Donc malgré quelques légères incohérences, c’est un livre à lire !
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A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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