Sale gosse, Mathieu Palain

Au départ, Wilfried n’a juste pas eu de chance, « il est né du mauvais côté de la vie ». Sa mère se drogue, son père n’existe pas, son beau-père boit. Et puis, à huit mois, il est placé dans une famille qu’il ne quittera plus jusqu’à ses dix-sept ans. Lorsqu’on le retrouve après une longue ellipse, il quitte tout juste l’AJ Auxerre, suspendu à cause d’une bagarre – il ne devra plus enfiler ses crampons pendant huit mois et est exclu du centre d’entraînement. Retour chez ses parents d’accueil à Ris Orangis. C’est devenu un sale gosse. Et le priver de son défouloir, de sa passion, de sa raison de vivre, n’arrangera rien. Il multiplie les erreurs, les provocations, il déprime, rêve du ballon rond depuis son Essonne, département que Mathieu Palain connaît bien. L’auteur y est né, y a grandi, et il décrit des lieux où il déambule depuis ses plus jeunes années. En parallèle de la vie chamboulée de ce jeune, le journaliste nous raconte le quotidien des éducateurs d’un foyer (métier qu’exerce son père), ceux qui ont côtoyé Wilfried ou le côtoieront, ceux qui le sauveront d’une manière ou d’une autre, ceux qui savent s’y prendre, qui l’apprivoisent. Il immerge le lecteur dans le quotidien de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) dans lequel il a lui-même plongé pendant six mois pour pouvoir ensuite écrire Sale Gosse.

Pêle-mêle, les focalisations se mélangent, le passé simple brouille les temporalités, mêlant souvenirs et passé au présent, tous devenus imparfaits. Le roman est brouillon, il sort du cœur, c’est un cri, une clameur. Et puis, au fil des pages, il s’améliore, s’affirme, comme si Mathieu Palain avait trouvé son rythme, sa voix. Les points de vue se posent, les changements d’époque cessent. Les phrases sont courtes, les dialogues ont l’accent de nos banlieues, teintés de verlan et d’argot, d’arabe de rue et de noms d’oiseau. Le livre se lit à la vitesse de l’éclair. C’est une de ces lectures qui bouleversent malgré leurs failles, leurs défauts de premiers romans. Elle a cette pureté des débuts, cette force des premières fois.

L’Iconoclaste en parle ici.

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