Le génie des coïncidences, John Ironmonger

Les cinquante premières pages du Génie des coïncidences sont laborieuses, longues, très riches en informations et (croit-on) en digressions – trop (s’agit-il du propre des romans anglais ?). Pourtant, une fois surmonté cet obstacle, c’est un plaisir de lecture. Allers-retours entre passé et présent rythment ce roman. En réalité, John Ironmonger semble l’avoir construit de telle sorte que le lecteur soit perdu au début, puis de moins en moins – même si le suspense est présent jusque dans les dernières lignes.

Thomas Post est maître de conférences à l’université de Londres, spécialisé dans les probabilités et les coïncidences, selon lui issues de simples logiques mathématiques. Pourtant, sa rencontre avec Azalea remettra tout en doute. La vie de la jeune femme, livrée en filigrane – par bribes pour mieux préserver le mystère qui l’entoure –, défie en effet tout calcul tant les schémas issus du hasard (dixit) sont nombreux dans sa vie. Route semée d’embûches et de déviations, son existence laissera en effet perplexe Thomas jusqu’à le faire douter de ses propres certitudes.

Sans être une simple romance, Le génie des coïncidences est un roman plein d’esprit, de réflexions sensées et parfois philosophiques, et il met en lumière un pays d’Afrique peu connu que l’Histoire n’a pas épargné et que la violence continue de malmener : l’Ouganda. John Ironmonger est lui-même né en Afrique de l’Est et sa volonté d’évoquer les enfants-soldats de Joseph Kony et la Guerre de Brousse (1981-1986) est manifeste – et plus que compréhensible.

De l’Île de Man à Londres en passant par une mission chrétienne à Lagandi et par le Soudan, la narration est joueuse, nous entraîne toujours sur des chemins inattendus et nous surprend par ses kyrielles de coïncidences : dans ce cas, plus, c’est mieux. Ce n’est donc pas un livre où le lecteur s’agace de ces hasards hasardeux justement qui, habituellement, polluent un récit et rendent l’ensemble peu vraisemblable. Ici, tout l’intérêt est la multiplication de ces coïncidences dans la vie d’Azalea, vie palpitante à découvrir s’il en est.

Les éditions 10/18 en parlent ici.

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