Hollywood, Ryan Murphy (saison 1)

Nous voici dans le Hollywood post seconde guerre mondiale, entre station-service, pays des rêves et des stars, villas sublimes et appartements miteux. L’atmosphère, moitié langoureuse et poudrée, moitié âpre et lourde sous le chaud soleil de la côte Ouest, emporte ailleurs, dans le passé et l’Histoire, en Amérique et sous les palmiers.

Jack Castello est père en devenir et doit donc trouver un substitut à son rêve de tapis rouge ; Raymond Ainsley vit avec Camille Washington (Laura Harrier, au casting de Blackkklansman), jolie actrice noire qui accumule les rôles de soubrette ; Archie Coleman, lui aussi « coloré » comme le disent les plus modérés de ceux qu’il croise, écrit en secret et se cache dans les salles de projection pour gagner sa vie entre les jambes d’hommes gênés d’être qui ils sont et forcés de dissimuler leur nature profonde. De l’autre côté, de celui des lettres blanches sur fond bleu du panneau Hollywood qui domine de sa colline, les cœurs ne sont pas nécessairement plus légers : Dick Samuels et Avis Amberg (Patti LuPone) doivent se soumettre au bon vouloir du maître des studios Ace, les apprenti(e)s acteurs/trices subissent revers après revers quand ils ne cèdent pas au chantage pour obtenir un rôle, les têtes d’affiche se noient dans l’alcool, Ellen Kincaid (Holland Taylor) souffre de sa solitude incurable, les uns trompent les autres qui cherchent à leur tour un peu de bonheur dans les bras d’hommes payés pour donner de la chaleur – les hommes de la station-service d’Ernie (Dylan McDermott). Ainsi, avant d’être une plongée dans le monde des paillettes, du glamour et des flashs, c’est avant tout une incursion dans les États-Unis du racisme et de l’homophobie, les États-Unis apeurés de la différence et haineux envers les spécimens qui détonnent – en bref, les États-Unis ultra conservateurs de 1947.

Les studios autour desquels tout et tous gravitent sont en réalité un amalgame des différents studios ayant survécu à la période d’or d’Hollywood : Paramount Pictures (d’aucuns reconnaîtront d’ailleurs la Bronson Gate), RKO Pictures, 20th Century Fox, Warner Bros et Metro-Goldwyn-Mayer. Certains personnages de cette mini-série de Ryan Murphy (créateur de Glee, ne l’oublions pas) ont quant à eux réellement marqué Los Angeles. Quelques grands noms du cinéma apparaissent parfois çà et là à l’écran et parmi les personnages principaux, certains peuvent se targuer d’avoir existé. C’est le cas de Rock Hudson dont l’homosexualité en fait ici l’une des cibles du public : la série se base sur le fait que l’acteur fut l’une des premières personnalités à déclarer être atteint du sida. Il a réellement collaboré avec Henry Wilson, agent qui a fait trembler la terre californienne et dont la majorité des talents était soupçonnée d’être gay, lui-même l’étant et étant désavoué de ce fait à la fin de sa carrière. La cérémonie des Oscars 1948, star du septième et dernier épisode, a, comme sa représentation sérielle, marqué les esprits en primant un film engagé contre l’antisémitisme (Le Mur invisible) ainsi qu’une réécriture du Othello de Shakespeare (A Double Life).

Il y a donc beaucoup de vrai dans Hollywood, vrai qui se mêle à la fiction pour porter un joli message de tolérance dans cette Amérique si dure et malveillante envers l’altérité. Peut-être parfois trop optimisme et un poil « too-much » (Écran Large préfère la voir comme une uchronie, une réinvention de l’Histoire en un scénario plus positif), elle n’en montre pas moins une partie du vrai visage du microcosme hollywoodien, à coup de beuveries, de soirées dérivant en orgies, de chantage et de corruption, d’homophobie et de racisme notoire – même si l’espoir triomphe.

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8 réflexions sur “Hollywood, Ryan Murphy (saison 1)

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