Ce polar détonne dans le catalogue Gallmeister. Pas qu’il n’ait aucun intérêt, mais les œuvres de la collection Americana tendent à plonger le lecteur dans une Amérique rurale, dans ses étendues peu peuplées où les hommes se retrouvent peu ou prou seuls face à eux-mêmes. Ici, c’est au contraire en ville, dans une banlieue de Boston, aux maisons semblables à ces rangées de pavillons identiques de Desperate Housewives, que tout se noue. Hen et Lloyd y ont emménagé il y a peu. Elle soulage son esprit torturé en illustrant des livres de fantasy, il est responsable d’un service marketing. Elle est bipolaire et sous traitement, il joue les aide-malade. Dans la maison voisine, un autre couple. Ce sont les deux seules familles sans enfant dans le voisinage. Pourquoi ne pas tenter de lier connaissance ? Ils se retrouvent autour d’un dîner chez les Dolamore. Les yeux d’Hen se posent alors sur un élément qui la fige immédiatement. Et si Matthew n’était pas qu’un simple voisin ? Et s’il était dangereux ? Ou peut-être tombe-t-elle dans la psychose une nouvelle fois ?
Rien n’est certain dans ce roman, l’esprit de Hen et des autres protagonistes étant aussi peu fiables les uns que les autres. Comme un mélange entre You (la fameuse série phénomène qui met en scène un psychopathe jouant les justicier), un Liane Moriarty indigeste et La saison des feux, Vis-à-vis crée un environnement angoissant, oppressant, fait de faux-semblants, d’intuitions et de violence. Les personnages ne sont pas vraiment attachants mais la curiosité, presque morbide, qui caractérise l’âme humaine, poussera le lecteur à dévorer ses pages. Peter Swanson use et abuse de la technique du cliffhanger à la fin de chaque chapitre, laissant un suspense qui ne peut que pousser à continuer à lire, toujours plus vite.
L’univers domestique est donc déroutant et détonnant quand on est habitué au reste des publications de l’éditeur spécialisé dans le nature-writing. Le style n’a rien d’extraordinaire, le livre se repose davantage sur sa construction et sur la révélation finale que sur une plume particulièrement marquante. Les points de vue s’alternent, comme une sorte de champ contre champ langagier, de vis-à-vis littéraire. Malgré tout, l’alchimie peine à prendre, d’autant plus que le coup de théâtre des dernières pages en laissera sceptique plus d’un…
Gallmeister en parle ici 🙂
Ils en parlent aussi : Compulsive lectrice, Hubris & Libris, Read look hear, Folittéraires, La plume rousse, Paper paper, Mes p’tits lus, Les marque-pages d’une croqueuse de livres, Emi lit
Ping : Huit crimes parfaits, Peter Swanson – Pamolico, critiques romans, cinéma, séries
Ping : Une maison parmi les arbres, Julia Glass – Pamolico, critiques romans, cinéma, séries
Aaaah, celui-là est dans ma PAL confinement ! Tu me donnes envie de le découvrir 🙂
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C’est drôle, vous êtes deux à avoir eu ce genre de réaction alors que, de base, il m’a un peu déçue… 😅
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Ah c’est étonnant, je trouve que ce n’est pas le sentiment qui ressort le plus ^^ mais j’aime bien garder le meilleur c’est peut-être pour ça 😉
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Je t’en souhaite bonne lecture en tour cas ! Le suspense est au rdv en tout cas 😉
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Merci beaucoup pour ta chronique très perspicace et lucide, comme d’habitude. Je pourrai donc, grâce à toi, m’abstenir d’une lecture inutile.
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Avec plaisir !
Je sais que les avis sont assez partagés, j’ai aussi lu quelques critiques très positives… 😉
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Tu nous l’as bien vendu ….. trop envie de le découvrir quand je pourrai sortir !
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Ah bon ? Pourtant j’ai été déçue 😅
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C’est l’intrigue qui m’intéresse. Après, pour animer un club de lectures de 30 personnes, je sais que les sensibilités personnelles font que souvent sur un même roman, il peut y avoir des avis très tranchés.
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Ah de ce côté là, un vrai page turner même si le dénouement est un peu loufoque…
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A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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