Trop beau, Emmanuelle Heidsieck

Au départ, c’est une confession, ou plutôt une lettre ouverte, pamphlet qui tenterait de convaincre qu’être beau n’est pas forcément un avantage. Forcément, le narrateur s’adresse au juge, nous (le) prend à témoins, essaye, à grand renfort de techniques oratoires un peu lassantes, de nous (le) rallier à sa cause.

Cette partie est longue, fastidieuse : on n’apprend que peu de choses sur le héros, simplement qu’il souffre de cette beauté. L’entrée en matière traîne donc inutilement en longueur, quand la seconde et la dernière parties sont plus enlevées. Plus de rythme, un peu plus de fond. Marco est cette fois simple personnage et il a perdu le rôle de narrateur, ce qui le rend plus intéressant. Le style oralisé est relégué aux oubliettes (enfin presque) et il échange avec les membres de son groupe de parole – trop beaux et en souffrance. Malgré tout, le lecteur restera un peu sur sa faim.

L’idée est excellente, et c’est une jolie parodie de notre société tant basée sur les apparences. Mais il manque d’un peu de profondeur. En réalité, on a plus l’impression de lire un essai, une tribune qui dériverait vers le mémoire, truffé de références pour étayer son propos, que de se plonger dans un roman. Bien sûr, la base politique, le message est là, l’auteure dénonce la victimisation à tout prix, le système américain de la discrimination positive, pointe du doigt l’idée qu’il faut de tout pour faire un monde et que toutes les caractéristiques n’amènent pas forcément à une attitude discriminatoire. Se sentir différent, bien sûr : on est tous unique et donc tous sujet à un éventuel rejet social. En faire un cas juridique, il ne faut peut-être pas exagérer.

Merci aux Éditions du Faubourg, qui en contribuant à enrichir le site d’aVoir aLire, ont également contribué à enrichir ce blog.

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