Le bal des ombres, Joseph O’Connor

Ce roman n’est sans doute pas à lire si l’on est à la recherche d’une autobiographie ou d’une œuvre très exacte historiquement parlant. L’auteur le dit lui-même dans ses « explications » : « bien des libertés y ont été prises ». Ce n’est pas pour cela que le plaisir ressenti par le lecteur en le lisant n’est pas grand. On le lit vite, on le dévore même. Quelle richesse, quelle intelligence de construction ! Joseph O’Connor n’a pas ménagé sa peine. Des extraits de journal intime imaginaire, une narration externe jalonnée de pensées plus ou moins cohérentes, des lettres inventées, des scripts fictionnels, des traces de fantômes et d’Éventreur… Les premières pages sont certes quelque peu confondantes mais, pour autant, Le bal des ombres se centre sur trois personnages : tout tourne autour de différentes périodes de leur vie et la lecture de ces multiples sources finit par devenir une délectation, une curiosité étonnante qui surprend.

L’écriture est assez quelconque, mais l’atmosphère que recrée l’auteur est saisissante. Nous voilà dans le Londres victorien, dans le Lyceum Theatre, sur les planches, aux côtés d’Henry Irving et d’Ellen Terry, grands tragédiens de leur temps. Nous les voyons se donner la réplique par les yeux d’un Bram Stoker touchant. C’est en effet surtout à travers les yeux du futur auteur de Dracula et à travers sa vie que l’histoire de ces trois illustres personnages historiques nous est racontée. Ils se tournent autour, se supportent, se disputent et se déchirent. Surtout, ils s’aiment.

En plus d’être une œuvre d’histoire romancée, Le bal des ombres nous emporte dans les sombres pensées de ces trois compères, dans leurs douleurs et leurs peines. Bram Stoker croisera Oscar Wilde et même Walt Whitman lors d’une tournée américaine – réalité côtoie mirages et inventions, pour le bonheur des lecteurs friands de décors presque tangibles et ancrés dans le passé.

Merci aux Éditions Rivages qui, en contribuant à enrichir aVoir aLire, contribuent également à enrichir ce blog.

Crédits photo : deux pièces de Shakespeare, Le portrait de Dorian Gray d’O. Wilde, et la couverture de La cabane magique n°20 (Sur scène !)

Ils en parlent aussi : Aire(s) Libres(s), Les libraires masqués du grenier, Mille (et une) lecture de Maeve, Garoupe – lecture, Les histoires de Lullaby, Charlotte Parlotte, La viduité, Lettres d’Irlande et d’ailleurs, Mes amis les livres, Black roses for me, Lettres exprès, Tours et culture, Claja lit

7 réflexions sur “Le bal des ombres, Joseph O’Connor

  1. Ping : Dans la maison de mon père, Joseph O’Connor – Pamolico – critiques romans, cinéma, séries

  2. Ping : La costumière, Patrick McGrath – Pamolico, critiques romans, cinéma, séries

  3. Hélas, j’ai calé au premier tiers du livre…je crois que j’ai besoin de style, et comme vous le dites, l’écriture est quelconque, sans relief. Je n’ai pas éprouvé la moindre empathie avec ce pauvre Stoker et son acharnement à relancer le théâtre, et encore moins avec Irving. Restent l’histoire, les faits et l’époque. Un documentaire m’aurait mieux convenu, c’est une opinion toute personnelle.

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    1. L’ambiance a un quelque chose qui m’a vraiment séduite, peut être parce que je baigne dans la littérature et l’histoire britannique toute la semaine et que ce roman rend tangible ce que j’apprends… toujours est il que j’y ai pris du plaisir et que les jeux avec les supports m’ont plu !
      Merci de votre passage 😉

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