Gaëlle Nohant, avec beaucoup de finesse, dresse le portrait d’une femme moderne avant l’heure, d’une femme enfin libre.
Eliza, devenue Violet, déambule dans les rues de Paris, s’imprègne de l’atmosphère brumeuse et mythique de ses bâtisses en pierre blonde, si différentes du verre et de l’acier de sa Chicago natale. Nous sommes au milieu du siècle, juste après la seconde guerre mondiale, alors que la capitale se reconstruit, que les blessures se referment doucement. À travers l’objectif de son Rollei défilera toute une galerie de personnages, représentant chacun un pan du Paris de l’époque. Des attaches se forment, des affinités se créent, Violet se fait sa place en tant que telle, le lecteur découvrant peu à peu ce qui l’a conduite à ce changement d’identité, à tout quitter, y compris ce fils auquel elle pense tant, grâce à une narration alternée. Un chapitre au présent, un autre au passé pour raconter l’histoire de cette femme, de ses errements à ses révélations. Outre, Paris et son charme désuet, ses places et ses jardins, ses habitants qui semblent tout droit sortis d’un film de Godard (avec dix ans d’avance), le roman s’attarde aussi sur la « Windy City », théâtre de tant d’affrontements, de tant de luttes – s’y mêlent racisme et hippies, antimilitarisme et survie. En effet, le mouvement afro-américain des droits civiques gronde alors, commence à enfler, le récit courant sur plusieurs décennies, jusqu’à culminer dans le Lincoln Park, au rythme des harangues des Chicago Seven, entre coups de matraque policière et cris d’espoir, cris de rébellion contre la guerre du Vietnam et cris pour l’égalité, pour la décence et le respect.
Ce n’est donc pas tant l’histoire d’une femme, mais le pouls d’une époque que prend Gaëlle Nohant, parvenant brillamment, par sa jolie plume, intelligente et fluide, à nous emporter dans les tourbillons du siècle dernier.
Crédits photo (de bas en haut) : photographie du Chicago tribune, RAGE, RIOTS, RUIN, 1968 / Mobe (Democratic National Convention), 1968 / Le baiser de l’hôtel de ville, Robert Doisneau, 1950
Merci aux Éditions Grasset et à NetGalley pour cette belle lecture
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J’aime beaucoup cette autrice et j’espère lire ce roman rapidement !
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A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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Intéressant, merci!!
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même ressenti, ce roman m’a beaucoup plu 🙂
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J’aime beaucoup cette auteure. Merci 🙏
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Avec plaisir 🙂
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Oui, tout à fait, le portrait de deux époques sur deux continents. Merci pour ce retour
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Avec plaisir ! Merci à toi pour ton passage sur le blog 🙂
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