Les phrases sont courtes, simples, le registre est tantôt soutenu, tantôt familier. Les personnages sont décalés, à la fois marginaux et semblables à notre part la plus sombre. Ils nous sont sympathiques tout en nous restant étrangers, ils gardent ce je-ne-sais-quoi de mystère, enveloppés de secrets, ils dissimulent leur passé, renaissent de leurs cendres, tels des phénix.
Kamel Wozniak est en fuite, il s’échoue dans un village perdu dans la campagne, un bourg où tout le monde se connaît sans se connaître, ce hameau devenant bientôt le théâtre d’un huis-clos oppressant mais aussi libérateur. Les pensées de Kamel jalonnent le récit, elles s’y intègrent sans mal, forment même le corps du texte. Une bouffée de sympathie envahit aussitôt le lecteur pour ce personnage différent, en dehors de la société, qui a commis l’irréparable sans que l’on sache ce que c’est, l’irréparable. Des indices sont disséminés çà et là sans que rien ne soit révélé avant les dernières dizaines de pages. Le destin de cet homme misanthrope croise celui d’autres étranges bohèmes, qui, comme lui, se mettent à l’écart d’eux-mêmes. Ils paraissent se reconnaître, flairer ce mal-être, ce rejet de la société de consommation et, finalement, ces solitaires aiment à côtoyer leurs semblables. Tout est dans la science de l’esquive, dans l’art d’échapper aux regards trop insistants, aux questions trop pressantes : l’avantage entre inadaptés, c’est que le respect des souvenirs de l’autre et de son intimité prime.
Suspense et humour pince-sans-rire, sentences glaçantes et sarcastiques sont les fondations de ce roman, entre satire et policier rural – sans qu’il ne se conforme à aucun code pour autant, à l’image des personnages qu’il met en scène. Une chose est sûre, une fois entre nos mains, il est bien difficile de le reposer !
Dommage que Nicolas Maleski passe une nouvelle fois à côté du prix RTL…
Merci aux éditions HarperCollins et à NetGalley pour cette lecture jubilatoire et décalée !
Ils en parlent aussi : Je me livre, Célittérature, EmOtionS, Ma voix au chapitre, Christlbouquine, Lili au fil des pages, Lirelanuitoupas, Valmyvoyou lit, The unamed bookshelf, Les livres de K79, Read look hear, Kala lit des livres, Minie houselook, Les petites lectures de Maud, Du calme Lucette, Évasion polar, Sur la route de Jostein, VDBook, Dragon lyre, LegereImaginairePeregrinare, Les paravers de Millina, Mademoiselle Maeve
11 réponses sur « La science de l’esquive, Nicolas Maleski »
Merci pour ce « Ping » de ma chronique 🙂 Je me permets juste de te signaler qu’il y a une erreur sur le prénom de l’auteur à la fin de ton texte. C’est Nicolas et non Mathieu Maleski 😉
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Avec plaisir et merci de la correction 😉
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Merci, très tentant
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Avec plaisir ! 😉
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Intéressante approche du secret en littérature. Ça donne envie d’aller fouiner dans ces pages.
Et je ne m’esquiverai pas pour dire tout le bien que je pense de ton article. 😉
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Oui, c’est différent et addictif, vraiment !
Haha, merci 😉
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A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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J’adore te lire Cécile ! les éditions HarperCollins sont un gage de qualité. Je vais d’ailleurs recevoir « Préférer l’hiver » de Aurélie Jeannin toujours chez HarperCollins avec Babelio😉 On en reparlera ensemble🙂
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Ooh, ça me fait plaisir !
Oui, c’est vrai qu’il me faisait de l’œil aussi… on ne peut pas tout lire mais j’ai hâte de voir ta critique, peut être qu’elle me fera craquer 😉
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Super, je le lis bientôt
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Tu vas te régaler !
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