Saga familiale et historique (Ceux qu’on aime, Victoria Hislop)

Victoria Hislop écrit ici une fresque historique, une odyssée familiale, une épopée grecque qui court de 1935 à 2016, s’arrêtant sur les points marquants, les points de bascule des différents régimes qui mirent le pays à feu et à sang de bien nombreuses fois. Pour nous instruire, pour nous enrichir, elle choisit le point de vue d’une femme, Themis, aujourd’hui grand-mère qui veut, faute de richesses matérielles, léguer à ses petits-enfants son passé, sa mémoire, la richesse de son destin, de son histoire. Alors Themis raconte. À travers cette focalisatrice, l’auteure dresse le portrait d’une famille qui se déchire sans jamais se séparer complètement parce que, comme le disent les vers du poème « Epitafios » de Yannis Ritsos (ensuite chanté par Nana Mouskouri) qui a donné son titre au roman, « Il faut toujours / Que l’on revienne / Vers ceux qu’on aime ». Ses personnages, même s’ils pourraient n’être qu’un prétexte pour s’attarder sur les dictatures qui se succédèrent au pays de l’acropole, au pays de la démocratie, sont creusés, attachants, presque humains – même s’ils peuvent parfois être un peu caricaturaux.

La plume n’a rien de très notable mais Ceux qu’on aime se dévore. Les événements s’enchaînent malgré un rythme pas toujours très égal – et on regrette une telle accélération lors des cent dernières pages. Pourtant rien n’était trop rapide jusqu’à maintenant, peut-être même trop lent pour certains chapitres de la vie de Themis. C’est donc à ce moment-là que l’on sent que l’auteure fait passer la transmission de l’Histoire avant son histoire et celles de ses personnages. On perd un peu le fil, les bébés sont déjà presque adultes, puis parents à leur tour dans une succession de phrases trop peu nombreuses. C’est dommage parce que le roman est très riche, le lecteur en ressort grandi, sans être non plus alourdi par des dizaines d’informations – l’équilibre entre détails historiques et fiction était parfait jusqu’à cette hâte des dernières pages.

Une chose est sûre, une fois en main, il est difficile de reposer ce livre tant l’envie de savoir ce qui arrive aux personnages est grande. La déception finale entache légèrement un plaisir de lecture que l’on aurait voulu peut-être plus harmonieux rythmiquement parlant, quitte à se perdre dans quelques cinquantaines de pages supplémentaires…

Merci aux Éditions Les Escales et à NetGalley pour cette lecture 🙂

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5 réflexions sur “Saga familiale et historique (Ceux qu’on aime, Victoria Hislop)

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  3. Ta chronique donne tellement envie de découvrir ce roman ! Mais cette déception concernant la manière d’aborder la fin de l’histoire me laisse un peu perplexe… Me voilà hésitante ! ^^

    Je verrai dans quelque semaines/mois si l’envie est toujours là =).

    Merci pour la découverte !

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