L’histoire d’un désamour (Marriage Story, Noah Baumbach)

Des acteurs tour à tour tendres, bouleversés, exaspérés et hystériques. Une famille se sépare, un couple se déchire, avec pour principaux témoins leur avocat respectif et la famille de Nicole (Scarlett Johansson). Et le fils bien sûr, Henry. Le gamin est insupportable, gâté à l’excès et paraissant prêt à tout pour contrarier ses parents – surtout son père, Charles (Adam Driver). Celui-ci est metteur en scène à New York et son fils et sa femme, actrice, vivaient avec lui jusqu’à l’éclatement de la famille. À présent, Los Angeles is the place to be. La principale problématique de cette nouvelle dynamique familiale est donc le futur lieu de vie d’Henry et la répartition de sa garde. Où ira-t-il à l’école, chez qui restera-t-il la plupart du temps, qui devra se sacrifier et renoncer à son chez-lui, cédant ainsi à l’autre sur ce terrain ?

Ce film dramatique est un dialogue, dialogue qui semblera interminable à certains, dialogue de sourds bien souvent, dialogue malaisé et jonché d’obstacles.  Les acteurs échangent, parfois des mots, parfois des pics, parfois des meubles ou des cris. C’est l’histoire d’une rupture, l’histoire d’une vie commune qui ne satisfait plus, d’un amour qui n’est pas mort mais qui ne permet plus aux deux protagonistes d’y trouver leur compte, d’être heureux. Noah Baumbach a d’ailleurs puisé dans sa propre expérience pour réaliser ce film. Scarlett Johansson a elle aussi tiré son inspiration de son propre vécu : elle était en plein divorce lorsque le réalisateur lui a soumis le scénario.

Marriage Story n’est pas exempt de romantisme, de poésie. Une touche par-ci, une touche par-là. La mise en scène, très théâtrale, fait la part belle aux acteurs. Même si on peut regretter qu’il dure trop longtemps, que ces débats interminables et ces disputes soient étirés à l’infini, on comprend rapidement que le tout ne pouvait pas être plié en dix minutes. En effet, le réalisateur souhaitait montrer la fin d’une vie et le début d’une nouvelle, le point de bascule chez un couple, le point d’équilibre aussi et à quel point il est aisé de tomber d’un côté ou de l’autre – celui de la haine ou de l’amour retrouvé. Nicole et Charles oscilleront bien plus du côté du désamour que de celui de la romance et cette décristallisation amoureuse laisse songeur, apporte une certaine réflexion sur notre société actuelle.

Marriage Story a convaincu la critique : il est nominé dans diverses catégories aux prestigieux Golden Globes et pourrait bien faire une entrée remarquée dans la liste des nominations aux Oscars 2020.

Ils en parlent aussi : Le monde parallèle, Le labo du zèbre, Unexpected content, Les explorations de Loupit, Cinétib, Blog du West, Culture aux trousses, 75 mots pour une critique, Good time, Maze, On se fait un cinė, Le monde de Martin Eden, Le royaume des histoires, Cinérama, Ciné maccro, Cinémathèque de Clélia, Cinélire, La bibliothèque de Lilly McNocann, Explication de film, Cultur’elle, Escapetoculture.net, Cinéflik, Suivre le fil, Binge tricot, Les boggans, Les tribulations maladroites d’une hypersensible, A tireless mind, Maelou fait son cinéma, Écran noir, Un nouveau film ce soir, Le cercle des cinéphiles disparus, Les chroniques de Coralie, Le blog des cinécurieux

22 réflexions sur “L’histoire d’un désamour (Marriage Story, Noah Baumbach)

  1. Ping : White Noise, Noah Baumbach – Pamolico – critiques romans, cinéma, séries

  2. Ping : Annette, Leos Carax – Pamolico – critiques romans, cinéma, séries

  3. Ping : Docteur Foster, Mike Bartlett (saison 1 et 2) – Pamolico, critiques romans, cinéma, séries

  4. atirelessmind

    Je ne connaissais pas ce blog, je le découvre suite à une notification reçue. J’adore le ton poétique de la chronique. Bravo👏🏾 Ça fait pousser des ailes et donne des idées pour mes prochains textes. Merci d’avoir mentionné A Tireless Mind à la fin. Love and light !

    Aimé par 2 personnes

  5. atirelessmind

    Je ne connaissais pas ce blog, je le découvre suite à une notification reçue. J’adore le ton poétique de la chronique. Bravo👏🏾 Ça fait pousser des ailes et donne des idées pour mes prochains textes. Merci d’avoir cité A Tireless Mind à la fin. Love and light !

    Aimé par 2 personnes

  6. Ping : The Plot Against America, David Simon (minisérie) – Pamolico

  7. Ping : Isabelle, l’après-midi, Douglas Kennedy – Pamolico, critiques romans, cinéma, séries

  8. Ping : Quatre sœurs, quatre destins (Les filles du Docteur March, Greta Gerwig) – Pamolico : critiques, cinéma et littérature

  9. Je l’ai regardé il y a quelques jours, j’ai beaucoup aimé !

    Ayant des parents qui sont divorcés depuis que j’ai 10-11 ans, j’ai trouvé intéressant de voir tous les petits détails qui peuvent influencer une période aussi lourde qu’une procédure de divorce, et notamment le comportement de l’enfant.

    J’ai été touchée par le fait que les deux parents aient un peu perdu leurs principes en écoutant leurs avocats qui, au final, ne les connaissent pas tant que ça. Ils n’ont pas du tout abordé cette étape de leur vie comme ils le souhaitaient au départ et lorsqu’ils le font enfin on s’aperçoit que c’est bien plus « naturel ».

    Mais peut-être que toute la colère qui a précédé était nécessaire pour en arriver là ?

    Il y a un autre film que j’aime beaucoup et dont le thème est proche (enfin pas vraiment…), c’est Blue Valentine. Je serais curieuse d’avoir ton avis =).

    Aimé par 1 personne

    1. Oui, effectivement, j’imagine qu’avoir les coulisses devait être intéressant 😉
      Tout ce que tu dis est très juste !
      Je n’ai pas vu Blue Valentine mais ke titre me parle… je vais me renseigner !
      PS : comment fait on pour s’abonner à ton blog ? Je n’ai pas trouvé 😅

      J’aime

      1. Chouette ! =)

        PS : Ah bah… J’ai enlevé le lien parce qu’il n’était utilisé par personne lorsqu’il était d’actualité… xD
        Je vais essayer de voir ce soir si je peux le rajouter quelque part =).
        Merci en tout cas, ça me fait plaisir que tu cherches à t’y abonner =).

        Aimé par 1 personne

    1. Tout le monde, sauf ma mère avec qui je l’ai regardé (la moitié en tout cas) ! Mais oui, même s’il ne faut pas vouloir le voir pour le scénario qui est somme toute assez classique et redondant mais davantage pour les acteurs et le message, pour la mise en scène et par curiosité pour cette histoire d’un divorce davantage que d’un mariage…
      Bon visionnage !

      J’aime

Laisser un commentaire