La princesse Mononoké de la réserve (Eden, Monica Sabolo)

Ce roman a été lu dans le cadre du prix du Roman des Étudiants France Culture / Télérama 2019.

Un style pur, imagé mais sans excès, des descriptions ciselées, des sentiments qui gonflent les lignes et imprègnent les pages…

Nita est une adolescente un peu dans la lune, dans son monde, elle est là tout en étant ailleurs, son esprit tendu vers le Hollywood où elle aime passer quelques soirées, dans l’atmosphère enfumée et les rires gras des hommes de l’exploitation, ou vers la forêt où ce père qui lui manque tant a disparu. Autour d’elle gravitent Kishi et sa chouette Beyonce, Conrad, Scott et Awan, inséparables et lourds, et Lucy, la jolie et frêle Lucy, impénétrable et mystérieuse, le point de départ de tout ceci. Si Lucy n’avait pas disparu, Nita ne raconterait pas ce qu’elle raconte, ne reviendrait pas sur ce qui s’est passé, sur ce que sa tête et ses sentiments lui ont ordonné de faire. Elle se transforme en princesse Mononoké, en défenseuse de la nature, en « gardienne du monde obscur des forêts », entourée de mythes et de légendes, plus ou moins réels, d’esprits plus ou moins tangibles.

La forêt est aussi un personnage incontournable de cette fable écologique sublime, un personnage central même, et la plume de Monica Sabolo la dépeint de la plus belle des manières. À la fois sibylline et inquiétante, sombre et lumineuse, la forêt se déploie autour des héros, les protège ou les enterre, les attire ou les effraie. Si les uns se battent pour sa survie, les autres n’en ont que faire, si certains croient en sa puissance, d’autres l’ignorent jusqu’à ne plus pouvoir fermer les yeux. En plus d’évoquer l’exploitation forestière en filigrane, Eden place en son cœur le sort des Amérindiens aux États-Unis, ce qu’ils endurent et l’hermétisme de la société blanche à leur égard. Tout est vu par les yeux d’une jeune fille, à la fois innocente et pleine de rage, pleine de ressentiment et d’envie de vengeance. Elle voit le monde à travers le filtre de sa jeunesse, de sa candeur et de sa rancœur, l’imprégnant d’un halo étrange, ses émotions conférant à son récit une puissance hors-norme et une pureté sans égale.

Eden « ou le miroir du paradis perdu » comme le qualifie la quatrième de couverture, est un petit bijou de douceur dure, de justesse aussi.

Ce qu’en disent les Éditions Gallimard ici.

Ils/elles en parlent aussi : Littéarts, Clem’s library, La livropathe, Un plaid, un thé, des livres, En quête littéraire, Loup bouquin, Page temps, Littécritiques, Love in books, D’autres vies que la mienne, The Eden of Books, Kheira’s upper assembly room, Entre les lignes, Mélie et les livres, Christlbouquine, Livrissime, Chroniques d’Ary, Un bouquin dans la poche, Sur mes brizées, Des chroniques et des mots, Les fringales littéraires, La lectrice éclectique partage ses lectures, Fleur d’encre, Satine’s books, Pousse de ginkgo, Le blog littéraire de Calliope, Les jolis mots de Clem, Les carnets bruillois

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16 réflexions sur “La princesse Mononoké de la réserve (Eden, Monica Sabolo)

  1. Ping : Les mangeurs de nuit, Marie Charrel – Pamolico – critiques romans, cinéma, séries

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  3. Ping : L’Arbre-Monde, Richard Powers – Pamolico, critiques romans, cinéma, séries

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