Ce roman est original, bouleversant. Il remet en question l’homme et son innocence, l’homme et son passé, l’homme comme magicien et danger pour lui-même et pour les autres.
John Wade vient de perdre la primaire de son parti et il se retrouve avec sa femme dans un cottage près de la frontière canadienne pour tenter d’oublier l’amertume de la défaite. Kathy semble ravie qu’il ait échoué, pensant certainement qu’ils vont enfin pouvoir redevenir un couple normal – ou plutôt le devenir. Leurs relations ont toujours été compliquées, étranges, une sorte d’adoration partagée, où l’un ne peut exister sans l’autre mais où les deux ont une vie propre et des désirs et des fêlures qu’ils se cachent mutuellement.
Plutôt que de simplement raconter une histoire comme il y en a déjà eu, Tim O’Brien fusionne avec son narrateur, se transforme en un chercheur patient, obstiné et méticuleux qui fouille pour tenter de comprendre où Kathy a bien pu passer, ce qui lui est arrivé. De cette confusion entre narrateur et auteur, entre vérité et fiction naît un roman hybride, mêlant souvenirs d’enfance de John, traumatismes du Vietnam, sortes d’interviews des proches du couple intercalées de citations si à-propos qu’elles semblent presque inventées tout exprès pour ce livre. Marqué à jamais par les combats et les atrocités vécues en Asie, John est instable, bizarre, et son attitude crée une ambiance angoissante et pesante. À cela s’ajoutent les soupçons de la police et l’atmosphère étouffante, étrange, de la forêt et du lac alors que le temps commence à fraîchir. Les hypothèses émises par l’écrivain quant au destin de Kathy jalonnent Au lac des Bois, donnant une dimension vraiment intéressante à l’œuvre : celui qui écrit ne semble pas en savoir plus que celui qui lit. Seuls les héros mènent en bateau les autres personnages, le narrateur et le lecteur, John étant à la hauteur de son surnom de Sorcier, poursuivant l’illusion et dupant tout le monde, y compris lui-même.
Tim O’Brien signe ici son neuvième roman, abordant une nouvelle fois le conflit vietnamien où les Américains se sont embourbés. Tout en finesse, mais sans pincette, il retrace le destin d’un homme parmi les autres soldats, homme à l’image de ceux qui sont rentrés meurtris, changés à jamais.
Un grand roman, intense et puissant.
Merci aux Éditions Gallmeister, qui, en contribuant au site d’aVoir aLire, ont également contribué à enrichir ce blog 🙂
J’ai vraiment très envie de lire ce livre. J’aime beaucoup les éditions Gallmeister, je regarde leurs très belles couvertures de livres et je m’envole….
Merci Cécile 🤩
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C’est un roman que j’ai lu il y a un moment et dont je me souviens encore très bien. Son jeu sur la frontière entre réel, hallucinations, enquête et vérité vraie m’avait vraiment marquée.
Moi aussi, j’aime beaucoup Gallmeister 😉
Merci à toi !
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Ping : Romans : les coups de cœur 2019 – Pamolico : critiques, cinéma et littérature
Tu donnes joliment envie de le découvrir ce livre. Je me répète mais Gallmeister c’est souvent l’assurance d’une belle lecture 😉
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Oh oui, j’adore cette maison d’édition ! Je te conseille vivement ce roman, différent et addictif 😉
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Merci pour ton article, il faut vraiment que je lise cet auteur et ce titre !
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Il vaut vraiment le coup ! 😉 merci à toi pour ton passage
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A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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Je ne connaissais pas du tout ce titre chez Gallmeister, mais ça donne franchement envie ! 😍
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Je crois qu’il date originellement de 1996 😂 mais oui, ce fut un coup de cœur pour ma part ! 😉
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