Coup de vent, qualifié par Télérama de « polar déjanté » est en effet loufoque et décalé. Bien construit, le récit alterne les points de vue : tantôt c’est Neal qui voit la scène, tantôt Bryan, Seo-yun ou Piet. Ces quatre personnages gravitent autour du monde de la finance, le premier étant chargé de retrouver le fuyard, le jeune loup de Wall Street qui s’est fait la malle, assisté de son ancienne collègue et d’un local débrouillard, petit mais féroce. Le roman s’ouvre alors que Neal est en mer, sur un bateau qui prend à moitié l’eau, sans moyen de subsistance. Il ne peut ni boire, ni manger, et ne trouve comme solution que de brûler un sac plein de billets de banque pour alerter un voilier qui passe…
Ce polar est franchement drôle. Les personnages se retrouvent bien souvent dans des situations grotesques et leurs mésaventures entraînent le lecteur dans leur sillage. Leurs péripéties sont donc un plaisir à suivre. Malgré tout, avec une telle maîtrise du schéma narratif et du comique, il semble dommage que l’auteur ait créé des personnages si peu attachants, si peu profonds – d’un autre côté, peut-être vaut-il mieux éviter de trop se prendre d’amitié pour eux, ne sait-on jamais, il pourrait leur arriver quelque chose de fâcheux… Les hommes semblent tous calqués sur le stéréotype par excellence du mâle américain : un peu goujats, qui ne pensent qu’à sauter sur tout ce qui bouge et à se prélasser sur un confortable matelas d’argent. Même Neal, gay, est très caricatural. Certes, le lecteur rit de bon cœur de ces clichés et des scènes qui en découlent mais les héros masculins manquent d’épaisseur. Cela dit, les femmes s’en sortent mieux : Seo-yun et Chloë ont un caractère moins prévisible et sont finalement plus instables.
Coup de vent est donc un bon roman qui sort de l’ordinaire. Dommage que Mark Haskell Smith n’ait pas tiré parti de son talent jusqu’au bout.
En contribuant à enrichir aVoir-aLire, les éditions Gallmeister ont également contribué à enrichir ce blog.
Ils en parlent aussi : Cunéipage, Hannibal le lecteur, Librairie Flagey, Light and smell, Chroniques du rail, Déambulations rennaises, Actu du noir, Black roses for me, LNDT, Collectif polar
Ping : L’amitié est un cadeau à se faire, William Boyle – Pamolico, critiques romans, cinéma, séries
Il faut rendre à César … c’est Guérif chez Rivages qui avait découvert cet auteur, et il l’a emporté avec lui en passant chez Gallmeister.
Ses premiers romans traduits sont encore meilleurs (à mon humble avis) : A bras raccourcis, Delicious (et sa fin génial), Défoncé ou Salty.
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Je ne savais pas ! Merci pour l’anecdote et pour les références 😉
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Le côté humoristique et déjanté m’aurait bien attirée mais je ne suis pas très polar … et vos réserves me laissent perplexe.
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Moi non plus je ne suis pas très polar habituellement mais celui-ci détonne vraiment. Disons qu’il a choisi de se moquer de ses personnages et de la société en prenant le lecteur à témoin, et c’est sans doute pour cela que ses protagonistes sont autant stéréotypés…
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Ping : 2019 – Mon récapitulatif de la semaine 41 | ReadLookHear
J’ai un peu plus accroché que toi même si c’est vrai que j’aurais aimé peut-être ressentir plus d’attachement aux personnages. Mais j’ai adoré lé côté décalé de certaines situations et de la personnalité de Seo-yun, un vrai paradoxe cette femme 🙂
Merci de m’avoir citée.
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Oui ce côté absurde et décalé est vraiment atypique 😉 et les femmes ont effectivement des côtes plus intéressants que les hommes !
Avec plaisir 😉 merci à toi de ton passage,
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J’avais envie de le lire je verrai même si les personnages peu attachants en général me rendent la lecture difficile. C’est u’e maison d’édition qui ne m’a jamais déçue
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C’est vrai que Gallmeister est généralement gage de qualité… j’en viens à me demander si caricaturer autant les personnages n’est pas une stratégie narrative pour que le lecteur puisse s’amuser de ce qui leur arrive. En tout cas on passe un bon moment malgré tout 😉
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Ah il faut que je vois ça. J’aime bien quand. L’auteur se moque un peu de ses personnages
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Alors ça va te plaire 😉
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Il m’intéresse tout de même malgré les points négatifs que tu as relevé. Merci pour ta chronique
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Oui, c’est un roman original et sympathique, malgré ses quelques défauts. Le lecteur passe un bon moment !
Merci à toi de ton passage 🙂
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Polar déjanté mais un peu en deçà au vue de ta chronique. Donc, tant pis, je ne le note pas. Bon dimanche !
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On passe quand même un bon moment et on rit de bon cœur, ce qui ne serait peut être pas le cas si les personnages étaient plus attachants… mais bon, c’est ce que j’ai regretté malgré tout.
Bon dimanche !
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Je note tes réserves sur ce livre. La couverture est belle et Gallmeister est une maison d’édition que j’affectionne. Excellente soirée Cécile 🙂
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On passe malgré tout un bon moment mais c’est vrai que l’on regrette un peu ces caricatures… oui, Gallmeister a généralement pas mal de pépites 😉 bon dimanche Frédéric !
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merci Cécile ! 🙂
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A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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