Un voyage photographique (La terre invisible, Hubert Mingarelli)

Les phrases de La terre invisible sont très simples (composées généralement d’un sujet, d’un verbe et d’un complément), mais néanmoins poétiques. L’écriture parvient à dire l’indicible de manière implicite et avec beaucoup de finesse, s’attardant davantage sur l’après-guerre en Allemagne que sur les années des camps, n’évoquant que quelques réminiscences du narrateur, tels des flashs lumineux qui lui viennent alors qu’il vit autre chose et qu’un élément du décor, une phrase ou une sensation lui rappellent la guerre, les combats, ses anciens camarades.

L’écriture est donc presque « photographique », s’attarde sur les détails, la lumière et les reflets, bien plus que sur les sentiments ou les réflexions. O’Leary, le chauffeur du photographe qui nous raconte leur périple, est touchant dans sa gaucherie et sa timidité, son mal-être et son impression de ne pas être à sa place, son besoin de se justifier, de légitimer ce qu’il est et où il est. Le narrateur, par contre, nous laisse un peu de marbre, on ne comprend pas vraiment sa démarche, on reste même un peu en dehors de ses préoccupations, d’aucuns le trouveront parfois trop autoritaire avec ce pauvre O’Leary.

En outre, leur escapade est un peu vaine, et l’intrigue tourne vite en rond – il n’y en a, en réalité, pas vraiment. Seule la plume de l’auteur maintient donc le lecteur perdu dans son récit, dans l’Allemagne apocalyptique de 1945. 

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Merci aux Editions Buchet Chastel et à NetGalley pour cette lecture

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