Une désacralisation un peu creuse (Soif, Amélie Nothomb)

Dans ce roman qui s’apparente davantage à une réflexion ou à des pensées, Amélie Nothomb imagine le discours intérieur de Jésus depuis la déclaration de la sentence de crucifixion à sa résurrection. Non content d’employer des termes que l’on imagine mal prononcés par le Christ, elle lui fait contester certains des écrits de Jean notamment, et elle lui prête également une histoire d’amour charnel avec Marie Madeleine – qu’il appelle par son petit nom, Madeleine. Le monde chrétien a d’ailleurs réagi de manière assez partagée sur ce livre qui a provoqué la colère de certains.

Si quelques phrases sont intéressantes et presque philosophiques, l’ensemble du livre sonne assez creux et on est plutôt satisfait d’arriver à la fin. La voix de Jésus ne sert que de prétexte à une réflexion sur le corps et sur l’amour, sur la symbiose entre l’esprit et l’enveloppe charnelle et sur les plaisirs de la vie qui ne semblent être que physiques pour lui, à le lire – pas très logique, nous sommes d’accord… On retrouve bien sûr quelques pointes de l’humour Nothombesque (non, Jésus n’est pas d’accord avec « aime ton prochain comme toi-même) et le style de l’auteure, rendant les pensées de Jésus de sa plume à la fois lapidaire et un peu pompeuse. Si l’idée est intéressante, elle manque singulièrement de profondeur : on reste sur notre faim – ou devrais-je dire sur notre soif. À la fois trop proche des Écritures tout en en étant trop éloigné, Soif semble être le résultat d’une hésitation d’Amélie Nothomb : elle qui ose tant d’habitude (et même ici, dans l’idée) paraît presque ne pas avoir eu la témérité d’assumer sa démarche jusqu’au bout. Certes, elle se met dans la tête de Jésus et extrapole sur certains points, sur certaines de ses opinions qui contredisent la pensée populaire et catholique actuelle, mais pourquoi ne pas extrapoler sur tout et seulement sur certains sujets ? À la fois trop sage et trop osé, ce livre ne m’a donc pas convaincue et n’a pour lui que l’avantage de faire réfléchir : et si l’homme croyant avait mal interprété les signes, avait mal lu l’Histoire et ne croyait pas de la bonne façon ? Et si tout était juste mais juste d’une manière qui n’est pas celle communément admise ?

À méditer….

Voici ce qu’en disent les Éditions Albin Michel 🙂

Ils en parlent aussi : Diane’s library, Blog apostrophe, La parenthèse de Céline, Aleteia, Tsuvadra, Tranches de livres, Les lectures de Marie, Un livre dans la poche, L’essor des idées, Les lectures de Gwendoline, Alex Grimoire, Entre les pages, Tours et culture, Les lectures de Louise, Les histoires d’Amélia culture, Lectures de rêves, La livropathe, Domi C lire, À l’ombre du noyer, Les jolis mots de Clém, Blog entre soi, Jacques Mercier, Des plumes et des livres, À livre ouvert, Mademoiselle Maève, Muffins and books, Mélie et les livres

23 réflexions sur “Une désacralisation un peu creuse (Soif, Amélie Nothomb)

  1. Je n’aurais pas pu dire mieux !

    Je reste franchement blasée de cette lecture et ça me désole un peu car j’aime bien les œuvres d’Amélie Nothomb en général. J’ai beaucoup aimé Pétronille par exemple mais pas du tout Une forme de vie.

    Pour Soif, j’ai aimé le concept et je m’attendais à quelque chose de fou mais à part quelques reprises d’événements connus de la vie de Jésus, pour le reste ça ressemble plutôt à un monologue Nothombesque.

    Le coup de cœur sera pour une prochaine fois !

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  2. Bonjour ! Je n’ai jamais lu l’auteure. La passion du Christ signifie trop de choses pour moi et vu les retours de lecture de plusieurs, je ne vais surtout pas lire celui-ci. Par contre, il y a un livre qui combine bien audace et humour sur ce thème: Evangelia de David Toscana. Je vous le conseille 🙂

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      1. Il me semble que c’est Stupeur et tremblements que j’avais trouvé pas mal, ou en tout cas l’un de ces romans sur sa vie au Japon 😉 Métaphysique des tubes ne m’avait pas plu du tout par contre…
        Bon week end !

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