La famille de Ki-Taek vit dans un taudis en Corée du Sud, tous sont sans emploi. Il y a la fille, le fils, la mère et le père (Song Kang Ho, éminent acteur coréen). Il s’agit d’une famille plutôt normale, qui lutte pour vivre comme tant de personnes en Corée, comme tant de personnes partout dans le monde. Le fait d’être sans emploi n’empêche pas la famille de Ki-Taek d’avoir une vie sociale. Le fils a des amis qui suivent des études et l’un, avant de partir à l’étranger pour son cursus, lui demande de prendre sa suite en tant que professeur d’anglais auprès de Da-hye, fille des Park, une riche famille. Après quelques manigances, Ki-Taek obtient le poste et parvient rapidement à faire valoir les talents artistiques de sa sœur qui se transforme en art-thérapeute, cette fois pour le fils Park, hyperactif. Tels des parasites, ils envahissent la maison, construisent un nid confortable et illégitime au sein de cette demeure d’architecte. Les classes sociales s’y côtoient, et risquent bien d’être amenées à se confronter… Un peu naïve, la mère Park gâte ses enfants tout en essayant d’être juste avec ses employés – que ce soient de jeunes professeurs, diplômés d’écoles de renom croit-elle, ou sa gouvernante, là depuis la naissance des enfants. Il finit par y avoir plus de sous-fifres que de Park dans cette maison, et la comédie des débuts pourrait bien tourner au drame grinçant.
Le réalisateur (Bong Joon Ho) a insisté pour que les journalistes et les critiques ne dévoilent rien de l’intrigue que la bande-annonce tait, donc je m’exécute et n’en dirai pas plus.
Bong Joon Ho juge que c’est un film qui dénonce la hiérarchisation de la société, la division entre les classes sociales qui ne se rencontrent que dans le monde du travail. Il confie penser « que ce film décrit ce qui arrive lorsque deux classes se frôlent dans cette société de plus en plus polarisée ». Le réalisateur est un habitué des films engagés socialement mais aussi écologiquement parlant – Okja et The Host pour ne citer qu’eux. Il aime aussi à mélanger les genres…
D’ailleurs, Parasite est hybride, à la fois ironique et tragique, à la fois comique et porteur d’un message sociétal profond, dénonciateur d’un réel mal-être. C’est, comme l’a si justement dit Bong Joon Ho, « une comédie sans clowns, une tragédie sans méchants ».
On s’attache aisément aux membres de cette famille un peu bancale mais tellement touchante, au fils et à la fille qui se transforment en d’autres lorsqu’ils passent la porte de chez les Park, mais aussi au père et à la mère qui encouragent bravement leurs enfants dans leurs tentatives de survie malines et plus ou moins insidieuses…
Ce film est un délice. Un délice à la fois caustique, drôle, touchant, et horrifiant par moments (avis aux âmes sensibles). Un délice qui a remporté la Palme d’Or à Cannes, raflé quatre Oscars (ce qui permet à Bong Joon Ho d’égaliser le record établi par Walt Disney en 1954), et s’est imposé comme meilleur film étranger aux Golden Globes ainsi qu’aux controversés Césars 2020. Ce palmarès lui permet de ressortir en salles (dès le 19 février), en noir et blanc cette fois.
La bande-annonce (qui en dit juste ce qu’il faut), ici 😊
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« Parasite » de Bong Joon Ho…
Jusqu’à présent, je n’avais vu que trois de ses films que j’avais adorés: « Memories of Murder », « The Host » et « Snowpiercer, le Transperceneige ».
Bon, « Parasite », chef-d’œuvre incontestable. Là, on peut dire que Almodovar, avec « Douleur et Gloire, petit chef-d’œuvre en son genre également, n’a pas eu de chance. Après avoir vu « Parasite », on se dit que le jury de Alejandro González Iñárritu ne pouvait faire autrement que d’octroyer la Palme d’or à Bong Joon Ho, tellement le film est maîtrisé à tous points de vue.
Je ne vous raconterai surtout pas l’histoire, sachez seulement qu’on est dans le monde de « Affreux, sales et méchants » à la sauce coréenne, du sud bien entendu, sachez enfin que les histoires de luttes des classes se terminent mal en général… A l’instar de la comédie italienne, le film est drôle, corrosif, vachard. On rit beaucoup comme avec les Pieds Nickelés, mais, en même temps, on retrouve le style allégorique de Bong Joon Ho. « Parasite » est un formidable thriller politique, qui vous laissera pantois. Tout est bon dans le film, il n’y a vraiment rien à jeter: le scénario est magistral, les plans sont superbes, la musique est parfaitement adaptée, les acteurs, parfaitement dirigés, sont excellents.
Le gros avantage de ce type de cinéma, c’est qu’il devrait rencontrer son public, aussi bien populaire que cinéphile, si tant est que l’opposition ait un sens…
Décidément Cannes 2019 est une excellente cuvée!
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Bravo pour cette très belle chronique qui dit bien toutes les qualités avancées par cette première Palme coréenne. J’aime beaucoup la formule du réalisateur qui synthétique à merveille le ton de son film. Quant au versant social, sa stratigraphie habite l’ensemble de son œuvre depuis les tout débuts, ce qi démontre que Bong est un véritable auteur. Une œuvre à explorer.
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Merci beaucoup de ce compliment ! J’avais beaucoup aimé ta chronique, toujours aussi bien documentée 🙂 je n’ai jamais vu aucune autre de ses œuvres mais autant dire que j’en ai envie, surtout que Okja est sur Netflix…
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Tu trouveras dans Okja des similarités thématiques, notamment cet attachement à la cohésion familiale. C’est un film hybride et militant, autre facette du réalisateur que l’on décèle dans The Host et Snowpiercer.
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Je note tout ça, il faut que je me penche sur son œuvre comme tu l’as si bien dit !
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Très belle critique de ce film qui décidément fait l’unanimité et c’est assez rare pour une palme d’or à Cannes. « Le pianiste » de Polanski avait ce même statut culte. Merci car tu donnes vraiment envie de découvrir ce film. J’avais vu « Snowpiercer » du même réalisateur coréen et c’était déjà vraiment bien.☀️😉
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Merci pour ce beau compliment ! Ta critique aussi donnait vraiment envie de regarder Parasite, accessible, c’est vrai, peut être même plus que Le pianiste, je me demande…
Okja de Bong Joon Ho me fait de l’oeil sur Netflix, il faut que je le regarde 😊 et je note pour Snowpiercer !
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J’adore ce « une comédie sans clowns, une tragédie sans méchants » c’est tellement ça.
Belle critique d’un bien beau film ^^
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Merciii ! Et oui, je trouve que cette citation est très parlante 😉
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Bonsoir Céciloule, je suis tout à fit d’accord avec ta chronique, j’ai beaucoup aimé ce film également.
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Ouiii, je me rappelle de ta critique que j’avais trouvé très juste 😉 bonne journée à toi 🙃
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Ha en faite c’était le CinéMaster au cas ou tu te poserais la question de savoir qui vient de laisser ce commentaire.
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Bravo pour ta critique sur Parasite. Bien meilleur que la mienne. Mais d’après toi, c’est vrais que cette palme d’or est la plus accessible depuis Pulp Fiction ? Ça fait des jours que j’essaie de revoir tous les films ayant remporté ce prix depuis 1994 donc et j’arrive toujours à pas me forgé une opinion concrète. Quoi qu’il en soit, continue comme ça.
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Merci beaucoup ! Au contraire, j’avais trouvé ta critique très bien faite et bien tournée 😉
Alors je n’ai pas vu Pulp Fiction mais non, je ne suis pas d’accord ! Une affaire de famille est assez accessible, Entre les murs aussi… enfin, je trouve !
Merci encore et bonne soirée à toi
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