Écrire la douleur (Deux sœurs, David Foenkinos)

David Foenkinos a une écriture simple mais percutante, ciselée mais qui va droit au but. Il parvient à dire parfaitement la douleur de la rupture, le flottement qui est alors le nôtre, le basculement, le passage de la vie à un autre-chose. Mathilde ne comprend pas, en tout cas pas au début. Elle aimait Étienne, il l’aimait, alors pourquoi la quitter ? Ils allaient se marier, la vie était belle. C’est son incompréhension, son mal-être, sa souffrance que les mots de Foenkinos véhiculent – à la perfection. La vie continue et elle reste sur le quai, n’a pas réussi à remonter dans le train. Ses proches essaient de l’aider mais elle se barricade – chacun sa manière de panser ses plaies. On pourrait lui appliquer les propos de Timothée de Fombelle (auteur pour la jeunesse ayant également signé Neverland), “tous les chagrins sont méprisants, imprenables, perchés à des hauteurs que personne ne peux rejoindre. Peut-être a-t-on trop peur qu’une consolation efface ce qu’il reste des souvenirs.” Et effectivement, le chagrin de Mathilde l’isole, l’éloigne, la place à des lieues de tous les êtres qui comptent pour elle. Le seul qui comptait vraiment n’est plus là, il est dans les bras d’une autre, alors à quoi bon.

C’est le cheminement d’un être perdu, largué, la déroute, la perte successive de tout ce qui est important, de ce qui fait que la vie de Mathilde vaut la peine d’être vécue, que nous raconte l’auteur.

Ce roman bouleverse, remuera des souvenirs enfouis en quiconque ayant déjà vécu l’horreur de la rupture, des pensées noires, rappels des jours difficiles.

La fin est malgré tout too much, venant briser l’équilibre que l’auteur était parvenu à créer, semble annoncée par une fanfare tant elle est téléphonée. Enfin, les notes de bas de page sont trop nombreuses : non M. Foenkinos, elles ne sont pas faites pour rajouter des détails que le roman ne peut pas contenir. Elles cassent le rythme et distraient le lecteur inutilement.

La page de l’éditeur ici.

14 réflexions sur “Écrire la douleur (Deux sœurs, David Foenkinos)

    1. Je n’avais jamais lu de David Foenkinos auparavant mais ça m’a donné envie de découvrir son œuvre.
      J’ai lu pas mal d’avis négatifs qui disent que l’auteur ne va pas assez loin mais j’ai beaucoup aimé sa manière très juste d’aborder l’épreuve qu’est la rupture… je croise les doigts pour qu’il soit à la bibliothèque alors 😉

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      1. Ah oui, la fin m’a semblé too much et un peu téléphonée mais bon… le reste m’a convaincue ! J’ai trouvé dans l’idée que l’on se rapprochait de Chanson douce de Leila Slimani, avec cette tension qui monte jusqu’à mener au drame, mais en moins réussi au niveau du final 😉

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