L’écriture est belle, les mots sont profonds, soigneusement choisis et cela se sent. Malgré tout, la réputation d’Amours fait attendre davantage de ce livre. Il manque un quelque chose qui fasse réellement aimer ce roman. Peut-être est-ce la faute des personnages qui ne sont pas attachants, même si Léonor de Récondo s’appesantit sur leur psychologie, sur leur histoire, décortique leurs actions quotidiennes et choisit de raconter les faits de leur point de vue, le filtre sentimental de l’une venant compléter celui de l’autre.
Céleste est bonne chez les Boisvaillant, sous les ordres de la bienveillante Huguette. L’épouse, Victoire, est instable, changeante, presque une hyperbole, caricature de femme. Anselme est un mari de son temps, sans respect pour les domestiques, ne comprenant pas sa femme, jamais. Lui aussi, c’est sans doute une sorte de parodie subtile de l’homme de bonne famille de 1908, ayant trouvé un bon parti et cherchant à transmettre, voulant une descendance. Alors quand Céleste tombe enceinte, il est décidé que l’enfant, Adrien, naîtra mais deviendra un Boisvaillant. Cette supercherie rapproche les deux femmes, la bonne et l’épouse, cet amour débordant de l’une pour Adrien, et cette absence d’amour chez l’autre les lient indéfectiblement.
Les premiers rapprochements étonnent, rendent perplexe. Certes, rétrospectivement viennent en tête divers signes avant-coureurs, mais tellement peu. Cela semble incongru sur le coup et c’est une impression difficile à surmonter. Autre chose dérange : cette omniprésence de la foi. En effet, au XXème siècle, les personnes bien nées – et même les autres – se rendaient à la messe et communiaient, se recueillaient régulièrement. Mais les prières presque incessantes de Céleste, revenant comme une litanie, cassent presque le rythme du livre au lieu de lui en conférer un nouveau. Elles empruntent à un instrument mal accordé qui résonnerait en faussant la mélodie des notes – ici les mots.
Enfin, les dernières pages sonnent comme un nouveau coup de théâtre. Certes, l’histoire aurait difficilement pu finir de manière différente mais peut-être est-ce trop. Ou alors est-ce simplement dans la continuité du roman, signe que je n’ai définitivement pas accroché.
Ce qu’en dit l’éditeur, ici.
Elle écrit magnifiquement bien mais c’est très froid donc c’est une autrice qui me laisse perplexe 🙂
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Haha impression partagée !
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Ravie de lire que je ne suis pas seule à avoir trouvé ces amours discordants et artificiels et finalement à n’avoir pas participé à l’engouement que ce livre a suscité.
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De même ! C’est vrai que toutes les critiques sont dithyrambiques alors je me posais des questions…
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Ping : #PartageTaVeille | 14/06/2019 – Les miscellanées d'Usva