Les invisibles, trop invisibles (Les invisibles, Louis-Julien Petit)

Les invisibles nous transporte dans le quotidien de sans-abris françaises, esseulées, qui se rejoignent toutes dans un refuge de jour, l’Envol, où travaillent Audrey (Audrey Lamy), Manu (Corinne Masiero) et Hélène (Noémie Lvovsky).

Au départ, on ne sait pas trop qui sera le personnage central, comment vivent les employées du centre d’accueil qui se disent « bénévoles » mais qui passent leur vie à prendre soin de ces femmes délaissées, sans attache, seules et aux multiples problèmes. Audrey a droit à quelques incursions dans sa vie privée, incursions qui laissent à penser qu’elle pourrait bien être celle autour de laquelle le film va se centrer. Eh bien non, la réalisation choisit de graviter autour de femmes sans toit, autour de femmes jouées par d’anciennes SDF à chacune desquelles le réalisateur, Louis-Julien Petit (Discount) « a demandé de se trouver un nom d’emprunt, en choisissant celui d’une femme qu’elle admirait. Sur le tournage, (ils) n’(ont) jamais réellement su leurs vrais noms. (…) Au moins un tiers d’entre elles ont quitté l’aventure (en cours de route, parce que trop compliqué, trop loin, trop dur). »

L’humour est là comme moyen de rendre plus digeste cette chronique sociale qui met l’accent sur une actualité n’étant que peu évoquée aujourd’hui et qui devrait l’être davantage. La musique ne m’a pas plu, trop lancinante, rajoutant un peu de lourdeur à un film qui n’en avait pas besoin.

Louis-Julien Petit a adapté le livre de Claire Lajeunie intitulé Sur la route des Invisibles et je ne suis pas persuadée que l’on puisse parler de comédie dramatique mais davantage de documentaire, en tout cas durant la première moitié de la réalisation où tout tourne autour de l’Envol – ou presque. On sent la volonté du réalisateur de transmettre ce qu’il a ressenti, appris, observé lors de ses propres immersions dans des centres similaires.

La seconde partie évoque un peu plus l’histoire d’Audrey et de son frère mais les invisibles restent quelque peu invisibles tout en étant le sujet principal de la réalisation, et c’est dommage. Si quelques passages font la part belle à Chantal, SDF touchante, Les invisibles aurait sans doute gagné à donner plus de fond à ces femmes qui luttent, que l’on a envie de connaître plus, dont l’histoire nous intrigue. Certes elles sont trop nombreuses pour que la vie de chacune nous soit livrée mais on aurait aimé qu’elles nous soient présentées de manière plus attachante, le metteur en scène nous imposant une distance que l’on ne peut que peut subir. Le film reste donc à la fois trop superficiel dans la manière de parler d’elles, et trop centré sur le refuge en lui-même. Peut-être est-ce lui le personnage principal au fond, et peut-être aurait-on préféré que l’on nous parle davantage d’humains puisque c’est une comédie humaine.

La bande-annonce ici 🙂

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2 réflexions sur “Les invisibles, trop invisibles (Les invisibles, Louis-Julien Petit)

    1. Du même réalisateur, j’avais beaucoup plus aimé Discount qui se rapprochait davantage de la définition classique d’une comédie dramatique tout en restant engagé socialement… le message est fort ici mais aurait mérité d’être un peu plus abouti.
      Bon weekend également et merci pour le commentaire !

      Aimé par 1 personne

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