Au départ, on se dit « oh là, je ne vais pas le finir, ce bouquin » et en fait… Je ne vais pas le nier, le début est ardu. Très ardu, même. Entre les noms alambiqués des institutions du passé argentin, les noms de guerre, de codes, les vrais noms, les noms d’emprunts, et l’écriture très particulière, mélange de discours indirect libre, de dialogues, de narration à la première personne et d’extraits de lettres et même de mails, on s’y perd. Mais si on s’accroche, et bien c’est simple, ce livre ne nous laisse plus le reposer. Les chapitres se croisent et laissent à découvrir, en parallèle, la vie d’une femme, une Argentine, en 1978, et celle de Muriel, journaliste qui s’intéresse au meurtre d’une femme à Saint-Nazaire, en 2004. Cette dernière tâtonne, cherche, lit, fouine, tandis que nous, nous découvrons doucement mais sûrement le passé de cette victime, qui se dévoile juste à la vitesse qu’il faut. La fin est surprenante sans être un coup de théâtre retentissant, elle nous cueille sans que nous nous disions que c’est n’importe quoi.
Au départ, je pensais écrire une critique négative, en qualifiant ce roman de lecture intellectuelle, vaine si le lecteur ne s’y connait pas un tant soit peu en terme de dictature latino-américaine. Mais au final, je recommande chaudement cette œuvre, et ne peux que vous inviter à vous plonger dans ce polar trépidant, qui vous donnera une kyrielle d’informations sur l’Argentine des années 70, sur la répression, sur la dictature et sur les méandres du péronisme. Ce ne sont pas des choses aisées à saisir quand on n’y connait pas grand-chose, certes, mais Muriel et ses comparses rament autant que nous pour essayer de comprendre quelques éléments et réunir toutes les pièces d’un puzzle qu’ils ne parviennent à assembler qu’à la fin. Donc, finalement, après une petite centaine de pages – sur 400, c’est raisonnable – les éléments qui ont fait partie intégrale de la vie de l’héroïne aux multiples noms nous semblent presque familiers. Et on adore.
#Argentine #polar #book
3 réponses sur « Un polar politique complexe (Double fond, Elsa Osorio) »
[…] tout cas, la plume d’Elsa Osorio est devenue plus fine et bien moins brouillonne avec le temps : Double fond, publié plus récemment, est plus abouti et m’a davantage […]
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[…] quoiqu’un peu décousu comme dans nombre d’œuvres hispanophones – on pensera notamment à Double fond d’Elsa Osorio. Le passé composé remplace le passé simple pour seconder l’imparfait mais […]
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La multitude de noms ne simplifie pas les choses mais c’est un roman passionnant.
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