C’est un film qui n’est pas à la hauteur du génie de son héros.
Le jeu des acteurs est excellent – surtout celui de Geoffrey Rush, malgré son accent anglais lorsqu’il parle français alors qu’il joue un italien. L’hommage à Giacometti est tangible : les couleurs et les lumières du film déclinent une kyrielle de tons sombres et gris, comme semblent le faire les tableaux du maître. Ou peut-être est-ce plutôt un hommage à son œuvre. En effet, il est présenté comme un peintre bougon et râleur et son manque de respect pour sa femme, Annette, apparaît comme insupportable. Cet égoïsme, il en fait également preuve en contraignant ses modèles à une immobilité parfaite pendant le nombre d’heures – et de jours – qu’il aura jugé nécessaires, pour finalement lâcher un « oh f**k » et tout recommencer, encore et encore.
Et on s’ennuie. La réalisation de Stanley Tucci est en effet très répétitive, le temps s’étire, les jours se suivent et se ressemblent et l’envie nous prend de hurler à James (Armie Hammer, le fameux Oliver de Call me by your name) de s’en aller, d’abandonner ce portrait de lui que Giacometti ne finira jamais, de rentrer à New-York ; et de secouer Annette pour qu’elle abandonne le peintre à son triste sort d’artiste millionnaire entiché d’une prostituée.
Bien évidemment, ce film est aussi l’occasion d’en apprendre un peu plus sur ce grand sculpteur, sur ce grand artiste et sur sa vie parisienne, mais aussi sur la fin de son œuvre et de son existence. Ce portrait qu’il a tant de mal à réaliser sera, en effet, the final portrait – d’où le titre de la réalisation. Malgré tout, les détails sur la vie de Giacometti restent maigres : le film est monté plus ou moins comme un huis-clos puisqu’il n’a été tourné qu’entre un café, un cimetière et surtout l’atelier du sculpteur. En ce qui concerne la platitude de l’action, il est évident que c’est le comique de répétition qui se cache derrière cette succession de jours, plus que le manque d’inspiration. Et puis, il ne faut pas oublier que ce film est tiré des écrits de James, ami de Giacometti à son heure et dont ce dernier a réellement tiré le portrait. Il est donc facile d’imaginer que les choses se sont plus ou moins passées de cette manière poussive et répétitive.
Mais il manque à ce film du peps, un brin de rythme, et les caractères des personnages restent finalement assez plats.
La bande-annonce ici
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