Le spectateur ne sort pas indemne de ce film, vraiment pas. C’est l’histoire d’une fille norvégienne d’origine pakistanaise, qui essaie juste de faire comme les autres, comme ceux de son âge, et contre qui le sort s’acharne. « Et la réputation alors ? » s’indignent ses parents après avoir tabassé un pauvre garçon avec qui elle n’avait même pas échangé un baiser. Les services sociaux sont saisis. Ce n’est pas cela qui arrête son père, détruit par la traînée, qu’est, à l’entendre, devenue sa fille ; ni sa mère, affolée par la mauvaise réputation qui s’ensuivra forcément. Nisha ira au Pakistan, chez son oncle et sa tante, et elle filera droit. Voilà. Et ses aventures sont loin de s’arrêter là.
Ce long-métrage est d’autant plus touchant que l’héroïne se bat de toutes ses forces contre la fatalité, qu’elle tente par tous les maigres moyens qu’elle possède de gagner quelques miettes de la liberté qu’on lui refuse obstinément. A aucun moment, comme dans tant d’autres réalisations ou romans, elle semble s’amollir ou nous agace : elle ne peut pas faire plus. Les détails autobiographiques suintent par tous les pores de ce film, tant il déborde d’émotion et tant Iram Haq amène le spectateur à s’attacher à Nisha, à s’identifier à cette gamine avec qui, au final, il ne partage rien – ou si peu.
C’est là que nous réalisons la chance que nous avons, d’être juste un tout petit peu libres – surtout nous, les filles. Parce que même si nos parents ne déguerpissent pas tous de la maison à la venue d’un petit-ami, au moins ils nous laissent vivre.