Tiens ferme ta couronne est un livre dément, oscillant entre biographie, roman inspiré de la réalité et fiction joliment fêlée. La plume de Yannick Haenel est une merveille de délicatesse métaphorique et d’images plus folles les unes que les autres. Cette œuvre gravite autour d’un maître mot : vérité. Qu’elle prenne la forme d’un daim blanc dans un film mythique de Cimino ou dans une citation du grand Melville, d’une oraison funèbre d’une conservatrice à sa sœur, de scènes cultes d’Apocalypse Now ou encore d’autres aventures toutes plus farfelues encore, elle est là, partout. Le héros est à sa recherche permanente, qu’il soit plongé dans les brumes de l’alcool, dans son délire melvillesque ou dans une discussion enflammée avec l’un des nombreux artistes qui croisent son chemin tout au long de ce livre.
Empli de digressions, parcouru d’éloges à d’illustres artistes, jalonné de références en tout genre, ce petit bijou confondant ne séduira pas un ample lectorat. S’y plonger est une tâche ardue s’il en est, en effet. Le style très enlevé et singulier nous abandonne parfois en chemin, coincés entre les bois du cerf qui a failli tuer Pointel, le producteur. Bien que nous soyons traversés de grâce à la lecture de certains passages de cette merveille perchée, d’autres nous égarent, trop éloignés de nos habitudes littéraires ou trop imprégnés de rêves, de réalité rêvée, trop crus.